En Attendant Ana – EAA pour les intimes, ceux qui ont écouté l’EP Songs From The Cave – est né à Bruxelles et a un sacré mordant. Les cinq artistes sortent leur premier album, Lost And Found, dans quelques jours et croyez-moi, il est plus rafraîchissant qu’un diabolo-menthe en terrasse.
On ne peut s’empêcher de faire le rapprochement entre le nom du groupe et la pièce quasi homonyme de Samuel Beckett En Attendant Godot. Pour rappel, il s’agit de l’histoire absurde de deux clowns tristes qui attendent sans relâche un homme dont on ne sait presque rien. Et si Lost And Found était le premier acte d’une tragi-comédie hybride, entre Blondie époque Parallel Lines et un Elvis sous ecstas ?
Mais revenons au sujet principal : qui est donc En Attendant Ana ?
Ana, c’est A comme Aléatoire : chaque chanson nous embarque, sur un air différent, dans une virée téméraire sur des rivages musicaux que l’on croyait connaître. Et c’est une voix acérée et hypnotique qui nous sert de guide. Verdict : une pop polymorphe qui se coule dans des moules changeants, tantôt rêveuse et nostalgique, tantôt dansante et énergique.
Ana, c’est N comme Novice : Lost And Found est leur premier album, et pourtant cela ne s’entend pas. La voix est maîtrisée, domptée comme un lion en cage qui attend les lives pour délivrer toute sa puissance, en voici la preuve :
Ana mélange les instruments tel un alchimiste inspiré, donnant de la batterie à l’improviste, grattant les guitares sans cesse et ajoutant une pincée de trompette pour sublimer le tout. C’est toujours bien dosé, et ça fait mouche à chaque fois. D’ailleurs, en parlant de trompette, gros coup de cœur pour celle de la dernière piste Don’t Even Know Your Name, ritournelle plus enivrante que les tours de manège quand nous étions enfants.
Ana, c’est enfin A comme Aliénant. Mais attention, dans le bon sens du terme : une fois l’album lancé, on a la tête sous l’eau et on ne la ressort pas. Parce qu’on ne le veut pas. Dès le premier titre Ana nous embarque et on n’a d’autre choix que de l’écouter, pour notre plus grand bonheur. La torture est si douce qu’on en demande encore, avec pour point culminant le délicieux duo Why Is Your Body So Hard To Carry ? qui ferait presque penser, par lointaine association d’idées, au Dieu fumeur de Havanes de ce cher Serge. Je parle d’expérience, il m’a bien fallu six écoutes d’affilée avant de pouvoir passer à la suivante.
En résumé, Lost And Found est plein de bonnes surprises la première fois, et un éternel recommencement d’émerveillement quand on s’y replonge. Et moi, je veux bien attendre indéfiniment Ana si c’est avec une B.O. comme ça…
Aude