Vous ne pouvez imaginer la joie et la fierté ressenties ce jeudi 1er décembre lorsque vous avez brillamment décroché, pour la première fois de votre histoire, la médaille de bronze aux Mondiaux féminins par équipe, en battant les redoutables Aussies, nonuples championnes du monde mais cette fois moins bondissantes sur le parquet qu’un walibi se faisant courser par un Crocodile Dundee énervé.

Nous étions quelques « happy few » (70 tout au plus en comptant les délégations étrangères) à vous encourager ce soir-là dans le Palais des Sports d’Issy-les-Moulineaux, loin des grandes arènes que sont l’AccorHotels Arena de Bercy, Coubertin ou le Stade de France. Et tant pis pour les absents et les retardataires !

Il est à déplorer que votre sport peine encore aujourd’hui à trouver sa vraie place dans l’Hexagone, par trop confidentiel, sans aucune visibilité médiatique et confronté à la concurrence d’autres sports de raquette (tennis, badminton), dont la pratique s’avère sûrement moins onéreuse et qui bénéficient d’un plus grand nombre de courts.

Situation assez paradoxale quand on sait que la France compte dans ses rangs deux des meilleurs pratiquants au monde : vous, chère Camille Serme, n°5 mondiale, vainqueur du British Open 2015 et de l’US Open le mois dernier, et Grégory Gaultier chez les hommes, actuel n°3 mondial et champion du monde individuel en 2015.

Gageons que cela évoluera rapidement grâce à vos magnifiques performances et au fait que le squash deviendra (enfin) olympique dès Tokyo 2020 ; de bon augure pour Paris 2024.

Le premier temps fort de la soirée ce jeudi fut la Marseillaise, ce tube unique de 1792 enregistré par Rouget de l’Isle, qui ne confirma jamais véritablement les promesses musicales entrevues, tout comme, bien des années plus tard, Patrick Hernandez et son futile « Born to be alive ».

Une Marseillaise attaquée en voix de tête, à la limite du contre-ut aigu, par la professeure de chant du Conservatoire local. De quoi vous dézinguer des tympans australiens (et les nôtres avec), peu habitués à tant de violence auditive, faisant passer la scène garage rock australienne pour de doucereuses comptines de Noël interprétées par les petits chanteurs à la croix de bois de Sablé-sur-Sarthe.

Je ne sais si vous avez ressenti depuis votre cage de verre, chère Coline Aumard, la ferveur collective du public présent derrière vous, ponctuant à l’unisson chacun de vos points marqués par une clameur bienveillante ? Ce même élan solidaire et simultané comme pour vous donner un surcroît de force et de mobilité pour déstabiliser la toujours coriace Natalie Grinham?

Je ne sais si vous avez perçu au cours de votre match expéditif, chère Camille Serme, cette proximité, cette impression que vous et nous ne faisions qu’un, seul et indivisible, face à l’adversité ? ce pressentiment que seul le scénario de la victoire était possible ?

Lorsque le speaker vous a tendu le micro à l’issue de la victoire, vous avez mis en avant, chère Coline, « l’esprit d’équipe fort » autour de votre entraîneur Philippe Signoret et nous avez remerciés nous le public (« Sans vous, nous ne serions pas là »).

Votre sport ne requiert-il pas par essence de solides qualités au niveau des appuis ?

Physiques avant tout, fruit de votre travail et de vos entraînements ; financiers ensuite, orchestrés par vos clubs et la fédération ; et naturellement, le nôtre, celui de passionnés qui vous suivons, même lorsque vous êtes aux antipodes.

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A l’instar du chant du kop d’Anfield Road soutenant leur équipe des Reds de Liverpool, nous vous assurons de notre hymne bienveillant : « You’ll never squash alone ! »

Sachez, chère Cam, Co, Laura et Chloé que nous continuerons d’être là tout simplement parce que nous vous aimons.

When you walk through a storm, hold your head up high

And don’t be afraid of the dark

At the end of the storm, there’s a golden sky

And the sweet, silver song of a lark

Claude Le Flohic.

*L’équipe de France féminine de Squash est composée de Coline Aumard, Chloé Mesic, Laura Pomportes et Camille Serme.

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