Laurent Garnier

Allez, avouez-le, dites nous tout. Vous avez dans la tête et le cœur des petits petits bouts de musique qui trottent, frottent et grattent. Le genre « 1 mesure et demi » qu’on a envie de siffler sous la douche 8 fois de suite ou de chantonner dans le couloir du métro. Un accord génial, un riff mordant ou un break inoubliable. Un roulement de toms à faire sur son bureau, l’air un peu fou.

Ces micro-instants où vous vous dites « oui tout ça pour ça, et putain, c’est ça la musique, yes Sir ! »

Vous voyez de quoi je parle ?

Tenez, je vous donne des exemples personnels.

Dans Sympathy for the Devil de nos bons vieux Rolling Stones, les 5 secondes où Keith démarre son immortel solo ( ici : de 2’52’’ à 2 ‘57’’). L’air est déchiré, le ciel se coupe en deux, après ça, une six cordes sans ampli vous paraîtra comme un chili con carne sans haricots ni viande.
Et aussi, après les gémissements explicites et interminables à la Led Zeppelin en feu, de Robert Plant dans Whole Lotta Love, la reprise de volée électrifiante de Jimmy Page (là : de 3’02’’ à 3’ 20’’). Paf paf paf on se redresse sur son siège, on est dingue et on hurle dans sa voiture comme un possédé. Looooooove !

Ah, bien, vous me parlez de reprise après un break ?

On donnerait son âme et celle de qui vous voulez en bonus, pour avoir tapé aussi bien et aussi fort que le défunt furieux Keith Moon des majestueux The Who dans Won’t Get Fooled Again, de 7’33 à 7 ’46, sans compter le cri de bête de Daltrey à 7’49’’ qui soulage tout stress de façon antalgique et sans effet secondaire.
Plus calme : dans le planant Dayvan Cowboy des Boards of Canada , cette seconde extraordinaire à 1’42’’ où on passe de la stratosphère à l’atmosphère, on arrive à la sérénité et au calme supérieur. Plus rien ne peut vous arriver, le métro sera à l’heure demain matin, votre vie commence maintenant, les cauchemars sont finis. Vous avez trouvé le sommeil, apaisé et léger, la nuit blanche est terminée, toute cicatrice sera effacée. Magique instant, moment enchanté, formidable cohérence.
Un dernier pour la route ? Grazie mille à Laurent Garnier, DJ et musicien internationalement reconnu et hexagonal qui démontre que oui, on peut être DJ français et ne pas avoir une tête d’ahuri… Dans The Man with the Red Face,  9 minutes de groove diabolique, un saxophone envoûté, une descente abyssale vers la transe et la sueur. A pile 4’22’’tout s’accélère, la caisse claire bastonne, le groove monte de 58 degrés supplémentaires, si vous êtes sur une piste de danse c’est le moment où vos jambes font de belles choses et vos bras encore mieux et toute fatigue s’évanouit en un souffle chaud. Whooosshhh !
Pour tous ces moments là et tant et tant d’autres encore, oui ça vaut le coup de vivre et d’aimer la musique à la folie, nom d’un chien !

 

Jérôme « Red Face » V.

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