Le monde est quand même assez injuste et souvent mal foutu. Ça donne envie de hurler à la lune et de souligner que le destin est un fieffé gredin.
Quand on pense que des chanteurs à deux balles, autotunés et marketés comme des yaourts ou du glyphosate (c’est dire s’il y en a partout), avec le talent d’une enclume mais pilotés par des requins habiles, qui remplissent des stades et vendent leurs crottes par palettes entières…
Et là, tout près de nous, dans des communes et des (moyennes et petites) salles de concerts des Yvelines et du Val d’Oise… il y a un festival blues appelé Blues sur Seine, 19 ème du nom, avec plus de 40 artistes qui vont jouer du 10 au 26 novembre, illustrant au sens large ce genre musical qui nous tient à cœur ! Un feu d’artifice de pépites et de pierres précieuses.
Des artistes fabuleux, de vrais musiciens, des talents immenses. Quelques exemples (et je ne connais pas toutes l’affiche, loin s’en faut) mais qui sont tous des gens à qui les muses ont lancé des étoiles : Bror Gunnar Jansson, Dee Dee Bridgewater, John Nemeth, Lucky Peterson, Natalia M. King sans oublier Songhoy Blues ou Chicago Blues Festival, un concentré « all-stars » cinq étoiles de l’Illinois, etc., etc.
Je suis partagé entre la joie de voir ces noms jouer en France et un peu de tristesse qu’ils ne soient pas sous les feux des puissants projecteurs qu’ils méritent. J’ajoute que nombre des endroits où joueront nos musiciens sont des salles en mode « survie », voire menacées de fermeture pour cause de subventions coupées. Un paradoxe !
On a parlé assez souvent en ces colonnes de la force quasi surnaturelle de cette musique, le Blues, et de l’amour profond qu’il suscite. Si l’on tombe dans ses griffes, c’est pour la vie.
Cependant, l’autre aspect d’une telle passion pour nous les petits Frenchies c’est que nous sommes trop peu nombreux à comprendre, aimer, suivre et vibrer pour cette musique ; partager ces moments entre initiés fait partie des plaisirs de la vie, comme ceux qui savent apprécier vraiment un grand vin, un mets de roi, un paysage superbe mais difficile d’accès.
En revanche, avoir envie que ceux qu’on aime connaissent aussi ceci est indéniablement notre pêché d’orgueil.
Soutenez cette noble musique, encouragez ce festival, allez dans ces salles de concerts : Songazine vous recommande de saisir cette chance et de réserver sans retard une soirée -ou plus- à votre convenance dans leur excellent agenda, fort d’une programmation impeccable ; nous vous le disons tout net, c’est une chance que nous avons que Blues sur Seine se décarcasse pour cette noble cause, alors courez-y !
Jérôme « 3 accords et 12 mesures » V.