51 Black Super

Rencontre délirante avec les 51 Black Super.

Tout commença dans les années 90, en France, où vivaient deux adolescents : Renaud et Franck. Tous deux passionnés de rock, de skate et de déconne. Chacun de leur côté, ils se sont promis, un jour, de créer un band de garage-rock.
Aujourd’hui, Franck est devenu patron de Sopress et d’un label (Vietnam). Quant à Renaud, il a évolué en tant que chanteur-guitariste (H-Burns). C’est ainsi, par un heureux  hasard que leur rêve est devenu réalité. Ils devinrent les 51 Black Super, le nom d’une mobylette. «  Nous sommes une vieille bande de potes qui écoutent de l’indie-rock des années 90. Les prémices de 51 commencent par le fait qu’on aime jouer de la musique. C’est un plaisir, un bon moment de rigolade ». Renaud continue sur la rencontre avec Franck : « On s’est connu parce que nous avons la même culture musicale. Puis au fil des collaborations, cela paraissait plus évident qu’il devait s’intégrer au groupe. Il possède un côté guitaristique qu’il pouvait mettre en profit dans ce grand bureau. Il avait besoin de jouer, de se défouler »…  Franck coupe en riant : « de se changer les idées ! ». MBK 51 Super Black de 1984, est une jolie Motobécane de ces années eighties, mais aussi le nom du groupe. Voici son origine, selon Renaud : « C’est Jeff qui a eu l’idée du nom. Un coup de génie. Il l’a inversé pour nous donner une chose intemporelle. » Franck va plus loin : « Au-delà de la référence avec la mob’, on trouvait que ça sonnait très bien avec la musique du groupe. On était partis avant vers des noms encore plus débiles. Un moment, je crois que c’était Adamo Freeze. C’était du n’importe quoi, jusqu’à ce que Jeff aie eu cet éclair. C’est un nom au-delà des frontières ».

Un pull « pirate » Metallica et Amstrad CPC128

Le chanteur reprend sur l’album : « On avait des morceaux, qu’on aimait bien, d’autres moins. Certains ont été refaits, soit virés de la liste, au final, pour atteindre onze titres qui nous plaisent. Ce qui nous fait un total de 27 minutes. » « Non, de 29 minutes », rétorque l’homme à la casquette.51 black super

Le chroniqueur leur parle d’un article sur Noisey : Le guide des albums de moins 30 minutes. Franck l’a lu. Il le trouve intéressant. On y retrouve  le Reign In Blood de Slayer, groupe qu’apprécie Renaud. Franck réagit sur la durée : « Il n’y a pas vraiment d’arrière-pensée. C’est juste que nos chansons ne font que 2 minutes. Il vaut mieux aller à l’essentiel que de faire trop long ». « D’où, la sortie d’un single d’1’ 43’’. Bigger. Celui a été purement du marketing. D’habitude, il faut le formater entre trois et deux minutes pour qu’un morceau passe à la radio. On a voulu casser le code », enchaîne Renaud. Franck finit : « Peut-être dans la prochain album, il y aura des titres d’une minute. »

A la sortie du premier single Bigger, une photo accompagnait le titre. Un gamin portant un sweat Metallica, pose avec allure lors de ses vacances à la neige. « C’était au ski, à  l’aube des années 90. Je portais un pull « pirate » de Metallica. T’avais les officiels bien plus cher et ceux que tu achetais quand t’étais fauché. En gros de la contrefaçon. T’étais un peu rejeté, un marginal, car tu n’avais pas le vrai t-shirt, mais moi je m’en foutais, je l’adorais », se souvient Renaud.

Sur la pochette de l’album, un jeune à la coupe-mulet, geek sur les bords, posant fièrement devant son ordinateur. Il n’est qu’autre Antoine le batteur du groupe, « qui est aussi le guitariste de H-Burns. Un mec qui possède plusieurs cordes à son arc. J’ai trouvé, il y a pas longtemps un forum de geeks, en anglais, qui ont analysé l’Amstrad qui se trouve derrière Antoine, sur la pochette de l’album. Je vais essayer de vous trouver le site… », Renaud termine sa phrase et recherche sur Internet, via son Smartphone. Pour aller plus vite le chroniqueur l’a trouvé. Cliquez ici.

L’ambiance de l’album est à l’image de ses compositeurs. Simple, efficace et complètement barré. « C’est juste pour le plaisir, que nous avons réalisé cet album. Il n’y a pas d’autocensure, de besoin de réfléchir. L’album possède ce côté crade, en gros du garage. On avait vraiment envie de composer un son brut ou au moins que cela y ressemble. » Franck poursuit sur sa lancée : « On n’essaye pas de devenir un groupe « underground », nous avons passé l’âge. On veut jouer dans le classique, dans ce qui nous plaît. C’est dans un souci de bien-être, de confort, de simplicité ». Renaud lance une jolie phrase philosophique : « Le classique, c’est comme un bon rôti le dimanche soir. »

La génération « Loser »

51 black superLe monde d’aujourd’hui les catégorise comme des personnes nostalgiques des années 90, au niveau du style et
de la musique. Un côté retro en somme. Pourtant, ils se défendent de ce mode de vie resté inchangé depuis leur adolescence : « Même s’il y a un côté retro, pour nous cela n’est pas vraiment, c’est notre style de vie hérité des années 90. On s’imprègne de groupes qu’on écoutait et qu’on écoute toujours. Cela va de Grandaddy, Weezer, Pavement à Sonic Youth », explique Franck. Renaud commente : « Tant mieux si notre génération de trentenaires dépassés est imprégnée de cette nostalgie ». Ce qui va suivre, cher lecteur, c’est la plus belle définition-hommage des années 90, que le chroniqueur ait trouvée. Elle est de Franck : « La nôtre était celle des ados de cette période. La génération de « loser ». Le titre emblématique reste Loser de Beck. Elle pue la « lose » de partout. C’est une génération où tu pouvais réaliser plein de choses. La lose était assez permise voire cool. Tu prenais ton skate, et tu allais glander avec tes potes. Nous sommes des traîne-savates».  Renaud attire  notre attention sur le réalisateur américain Kevin Smith. Son film Mallrats est un bon moyen de voir ce qu’était une bande de jeunes dans les nineties. Franck conclut : « On a un côté branleur, mais qui est sympathique. On avait une vue confortable du monde. Non pas avec cynisme et ironie, mais plutôt avec une certaine distance et de la chambre », (Du verbe chambrer).

Pour finir, Renaud rêverait de tourner en concert en première partie de Slayer et d’Anthrax. Même si il pense qu’il se prendrait une grosse taule par le public. Pour l’instant, ils se contenteront de faire des shows un peu partout en France, et de rajouter encore plus d’anecdotes : « Des guitaristes qui ne jouent pas le premier morceau, parce que les pédales ne sont pas branchées », « T’en as un qui finit par dormir dans le couloir de l’hôtel, car il ne trouve pas sa chambre », « Tout ça en cinq dates, alors imagine vingt-cinq », plaisantent les deux.

L’heure du déjeuner arrive. Une petite photo souvenir.  Un bon moment passé avec ces deux amis qui ont créé un groupe de garage-rock portant le nom d’une mobylette.

Thomas Monot

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