Wall of Voodoo

L’histoire est une vieille chienne amnésique.

L’histoire de la musique rock est une vieille chienne puante et fokin’ amnésique.

Elle n’a retenu d’un grand groupe, Wall of Voodoo, qu’un seul morceau, Mexican Radio. Et une seule reprise, celle bizarre qu’ils firent du « monument » Ring of Fire, œuvre d’un héros national de la musique US, Johnny Cash-la-légende. Respect. Coup de chance, le premier morceau est sur le disque dont je vais vous parler aujourd’hui.

En 1982, ce groupe sort l’album Call of the West, leur deuxième album et c’est une mine de chansons magiques. Leur chanteur-parolier n’est autre que l’immense Stan Ridgway, qui continue sa carrière solo après que le groupe ait splitté vers 1988. Encore actif aujourd’hui, Ridgway a produit une ribambelle de disques plus intéressants les uns que les autres…

Wall of VoodooMais qu’importe, ce qu’il faut écouter hic et nunc et apprécier est cet album dans sa totalité. Une belle « new wave » typée et stylée comme une Chevy’ vintage (la bonne boîte à rythmes qui claque et ne se cache pas, des synthés grandi-éloquents, une basse martiale) qui est mâtiné d’ambiance de western spaghetti-hamburger (guitares yiiihhaa, harmonica, accent marqué du chanteur), le tout sous les néons d’une Amérique qui tressaute, les yeux rouges et la main tremblante, essayant d’attraper un troisième comprimé vert et blanc.

Les thèmes évoqués sont universels et intemporels (la procrastination, le rejet de et par les autres, le monde du travail, les usines, le pouvoir, l’espionnite aigue, cette frontière mexicaine si loin-si proche, les jeux d’argent). Les lyrics sont en inox, ont passé l’épreuve du siècle, fingers où vous voulez. Même Donald Trump peut les comprendre, même Bernie Sanders peut les défendre, là en 2016 ! God Bless…

L’illustration de couverture, cette porte mystérieuse, était parfaitement choisie.

Ma préférée, cette fresque parfaite, le «lost weekend » d’un couple qui a tout perdu au casino à Vegas… et qui est prêt à y retourner. Les images, nettes, d’un vrai petit film apparaît au détour de petites phrases, riches d’allusions en touches fines : talent d’évocation hors norme. Talent d’écriture puissant.

In short : disque à découvrir si vous l’ignoriez, disque à ré-écouter plusieurs fois et à fond. Je repars illico sur l’Interstate 15. C’est un bonheur sauvage dont il serait fou d’essayer de se passer.

Jérôme « write, she said » V.

PS : les paroles de Lost Weekend

Drivin’ outta Vegas in their automobile

She was in the back seat while he was at the wheel

With the windows wide open

All the money from the store, they’d gambled away

He said « the best laid plans often go astray »

She took the page of a book and turned it down

She lit a cigarette, she didn’t make a sound

« And I know, if we’d had just one more chance, » he said

« I know, we’d finally hit the big one at last », she said

Chorus:

(Instead of) another lost weekend

Lost weekend, Another lost weekend, Lost weekend

« Pull over soon, » she said, « it’s no big deal,

You can take any exit that you happen to feel

Is the right one », the right one

As she slowly blew her smoke out the rear wind vent

She thought back on all the letters she’d sent

For a contest to be on a quiz game show

« Maybe I shoulda stayed in school, » he said

« Yeah, I knowstart your own business cleanin’ swimming pools, » she said

Chorus repeat x2

She leaned over the front seat and twiddled with the radio dial

She looked out the window, saw a sign, and both of them began to smile

« There’s a place we can stay at… it’s up another mile. »

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