Je discutais récemment avec passion et pour le 254ème fois avec un ami sur le dilemme éternel de la notoriété vs. la qualité artistique.
Qu’est-ce que le bon goût ? Quelles œuvres méritent la pérennité ? Comment savoir si une œuvre présente un intérêt « universel » ? Atteindre un succès large, est-ce perdre son âme ? Et, pour la musique, ceux qui remplissent les stades remplissent-ils aussi les W.C ? Sans oublier le débat sur les éternels oubliés de la gloire, les maudits, les inconnus, les tordus pas casés. Pour finir en toute complicité, nous sommes convenus d’une chose : le fait d’aimer en comité réduit certains groupes ou chanteurs crée une connivence, une attirance a priori et renforce notre appétence pour ce qui est à l’écart du sommet des hits parades. Cette dimension « culte » qui est précisément ce que j’avoue apprécier : c’est le syndrome Joy Division vs. TF1, ou Arte à Minuit vs. Taylor Bieber si vous voyez ce que je veux dire.
Non pas que je sois snob ou élitiste (plus envie…), mais il est 100% exact que j’ai cette réaction instinctive de toujours préférer l’underground au mainstream. Je suis mal à l’aise devant le bombardement médiatique ET j’adore pouvoir faire découvrir des perles rares à ceux que j’estime.
Pour tout aspect de ma vie, en fait cela s’applique ! Une plage tranquille, un itinéraire bis sans trafic, un restaurant familial pas encore à 4.5/5 dans Trip Advisor, un livre rare, un caractère atypique, une histoire farfelue : voilà tout ce qui me plaît. Le paradoxe est que j’aimerais que la qualité de mes goûts soit reconnue et portée aux nues MAIS surtout ne pas faire la queue avec tout le monde pour y accéder. Je me bats avec ferveur pour faire reconnaître des artistes confinés hors du cercle de lumière des grands médias, ce qui est la vocation d’un webzine musical digne de ce nom ; écrire le millième article promotionnel sur You Too, la Morte-Adele ou Kendrick le Calamar, non mais les amis, quel intérêt ??
Dans cette optique, je vous ai trouvé par hasard, chers Songazine boys and girls, lecteurs exigeants, esprits curieux : Vertical Chaton.
Leur EP 5 titres éponyme m’a beaucoup plu pour les raisons suivantes :
Couverture et graphisme qui tranchent (en mode psychédélique et plein d’allusions).
Musique lancinante, forte, percutante, qui va de l’avant.
Textes parlés, hurlés, déclamés, osés. Poésie barbare, images acides, délires multicolores : j’adore ; Nos estimés Feu! Chatterton qui auraient avalé 4 tubes de Vitamine C et 5 Bloody Mary cul sec. Les Fauve¹ sans la prise de tête existentielle. Pour quelques amateurs burinés, je retrouve là l’esprit de Complot Bronswick, empreint du souffle de la poésie aventureuse. Car il faut un morceau saignant de courage pour déclamer des textes puissants et assumer la démarche jusqu’à l’enregistrement et le concert. Tiens, au passage, un autre bon point pour la race de ceux qu’on adore admirer à contre-courant, l’audace !
En résumé : Vertical Chaton a 96 followers sur FB à ce jour, alors pour revenir à mon raisonnement plus haut décrit, il est bien sûr plaisant de représenter 1% de leur fan base 2.0.
Coldplay en compte 38 134 441 et je ne suis pas sûr d’aimer leur production récente. En revanche, j’ai écrit cette chronique avec espoir et même si cela se multiplie par 10.000, j’aimerais encore cette musique fraîche et découverte tout récemment.
Faites-vous une opinion, prenez le temps d’écouter, ici .
Le vrai luxe n’est–il pas finalement d’avoir du temps pour réfléchir et de jouir de sa liberté d’opinion ?
Big Brother Marketing n’aime pas ça, mais alors pas du tout. Alors, ravi de l’emmerder un tout petit petit peu…
Lisez encore Songazine, nous ne lâcherons rien tant qu’il nous restera quelques dents et deux oreilles pour écouter et découvrir un Vertical Chaton.
Jérôme » VGA 4 couleurs » V.