Aphrodite's Child

1971 fut une grande, une très grande année pour le rock. Alors que Diana Ross, Rod Stewart ou encore les Stones caracolaient au top des charts UK et que Led Zep sortait son merveilleux IV, d’énormes albums de prog voyaient le jour : Aqualung de Jethro Tull, Four de Soft Machine, Tarkus d’Emerson Lake and Palmer, The Yes Album de… Yes, Nursery Cryme de Genesis et Meddle de Pink Floyd pour ne citer qu’eux. Bref, une année exceptionnelle !

Merveilleux millésime donc, cette année 1971, pendant laquelle le groupe grec Aprhordite’s Child  enregistre un album sobrement intitulé 666 et qui voit le jour début 1972.

666

Composé par un certain Évangelis Papathanassiou, Vangelis pour les intimes (Blade Runner, les Chariots de feu, 1492 : Christophe Colomb) avec notamment un autre illustre inconnu à la basse et parfois au chant : j’ai nommé M. Demis Roussos, 666 est considéré comme l’un des incontournables du rock progressif.

Avec des paroles écrites par Costa Ferris et traduites par Boris Bergman, le groupe crée un double album concept basé sur le récit de l’Apocalypse de Saint Jean.

Évidemment, le sujet de l’apocalypse et la façon dont le groupe le traite n’est pas au goût de tout le monde. Compos mystiques, hallucinées (et hallucinantes) et bien sûr le chant érotico-incantatoire d’Irène Papas de la fameuse piste « ∞ »  (5 minutes d’orgasme simulé), il n’en fallait pas moins pour que  l’album soit interdit dans plusieurs pays.

Comme tout bon album de prog, il faut plusieurs écoutes pour ne plus se sentir déstabilisé par l’ambiance de 666. L’album est étrange au point d’en être parfois drôle. Hétérogène sans être disparate, il oscille entre des moments d’exaltation fervente et de calme planant, des illuminations et des noirceurs presque impénétrables.

Inspiré notamment par Frank Zappa et King Crimson, Vangelis crée un univers déconcertant, mêlant des compos instrumentales sur lesquelles s’ajoute parfois la narration de John Frost et chansons à l’ambiance rock voire même pop qui côtoient un rock psychédélique furieux et un hard rock déchaîné.

Monument de la décennie 70, 666 augure la future carrière de Vangelis et voit la séparation du groupe Aphrodite’s Child l’année suivant sa parution.

Extravaguant, surprenant, inattendu l’album est donc profondément original. Je dirais pour conclure que malgré son apparente bizarrerie, 666 est maîtrisé, fascinant, subjuguant même, bref, c’est un « Oldies » culte à mettre dans la discographie de tout bon mélomane.

Hédia

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