C’est toujours avec émotion qu’on écoute en avant-première un nouvel album des Stranglers. Surtout si c’est le tout premier groupe que vous avez vraiment aimé, un soir de 1979, sur une platine prêtée par un ami.

Ce groupe est grand, très grand, et il nous en impose depuis fort longtemps, au travers d’albums riches, mémorables et ancrés dans l’ADN de ceux qui apprécient la musique pop punk new wave made in England.

Tatouées dans notre cœur ces histoires épiques de rattus, de corbeaux, de féline aux pattes griffues, de folie et de héros. Une oreille en sculpture, le soleil qui brille et les Meninblack avec leurs petites voix résonnent sans pâlir dans une discographie complète et entretenue.

The Stranglers, c’est un son foisonnant où chaque instrument est fortiche ! Basse tonnante, guitare épique, claviers envoûtants, batterie accrocheuse et bien entendu ces paroles souvent ironiques, poétiques, décalées. Chansons souvent universelles, dans un anglais clair et précis, que l’on comprend instantanément (et qui donne le goût d’approfondir ses connaissances, ceci dit en passant). Souvent riches et tordues sous des apparences simples, leurs compositions sont toujours emplies d’ambiances uniques et mémorables.

Ajoutez à cela, bien entendu, la dose monumentale de nostalgie, de souvenirs personnels et d’accompagnement de notre vie dans chaque pièce de la maison, l’autoradio et les soirées débridées.

Alors, quid du petit dernier, Dark Matters, qui sort le 10 septembre ?

Que tout le monde soit rassuré !

Le millésime 2021 est totalement excellent, car il comporte tous les éléments précités, avec une touche d’amertume et de chagrin supplémentaire. Dave Greenfield, LE clavier aux envolées gigantesques digne des Doors est parti au ciel des punk rockers classieux et la majorité des enregistrements contient encore sa patte et ses sons tournoyants. D’ailleurs ses amis lui ont dédié une magnifique ballade « And If You Should See Dave… », pleine de tendresse respectueuse, avec un… blanc là où son solo devait prendre place.

Mais les hommes en noir ont fait front et n’ont pas lâché leur drakkar. Une couverture avec un titre à double sens, les géants de l’Ile de Pâques nous donnent un indice sur leur capacité à passer les époques ?

Cet album est grand car il respecte les sonorités que l’on connaît, que l’on reconnaît, et part en mode mélodique, mi-joyeux et mi-distancié, pour nous faire voyager dans des contrées que l’on va aimer, y compris un No Man’s land, ou la lune (The Last men On The Moon).

Sages mais inoxydables, ils alternent l’énergie ( Payday) et des moments touchants ( The Lines, superbe texte que l’on devrait intégrer au programme d’anglais dès la sixièmes, l’hommage à Dave, Down). Vous aurez des chœurs tout bonnement « ab fab’ » et polyphoniques avec White Stallion. Breathe conclut l’opus avec une classe réelle, je veux qu’ils jouent ce morceau en live après Golden Brown !

Ils ont gardé, intact leur sens des compositions complexes et brillantes (essayez donc d’en reprendre une, si vous êtes un groupe amateur, vous verrez).

Hier nous apprenions, le cœur serré, que Charlie Watts était parti rejoindre Brian Jones, j’avoue que cette nouvelle m’avait fort attristé, dans le concert des informations qui accumulent le stress polymère et l’anxiété collatérale en boucle.

J’ai écouté toutes les chansons, au casque, dans la pénombre, because dark matters, et j’ai fini avec un grand sourire sur le visage. Heureux.

The Stranglers ne sont pas finis, pas morts, pas terminés, qu’on se le dise.

Dark Matters sortira le 10 septembre 2021 chez Verycords, Rendez-vous à ne pas manquer car there’s… Always The Sun dans notre âme de fan des grands, très grands Stranglers.

Jérôme «4 my heroes » V.

 

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