Allez, je me lâche en mode killer chronique.

Vu que ce film a dû déjà gagner en bénéfices nets l’équivalent du PIB d’un pays finissant par « stan », on peut taper dessus à bras raccourcis sans craindre de ne ruiner quiconque…

Remember « Cloverfield », le numéro un : angoissant et très malin (la caméra subjective, les aliens méchants à peine aperçus…). Adoré et même eu un peu la pétoche.

Remember « 10, Cloverfield Lane », le numéro deux : enfermement, huis clos étouffant, fin du monde, doute sur le « méchant » mais fin ratée, WTF, nimporte nawak qui gâchait le travail des scénaristes, des acteurs et … des critiques !

Mais alors, le numéro trois « The Cloverfield Paradox » ?… pourquoi déclenche-t-il mon ire amusée ?

Netflix me le propose, moi, bon garçon, je le regarde. Et je dis ouch !

Résumons : un machin plein d’anneaux, genre station en orbite, doit produire de l’énergie pour la Terre entière en faisant marcher un gros réacteur magique qui fait de la lumière mauve. Bon.

L’équipage est multinational pour être politiquement correct, mais quand même c’est un ricain black le captain, et puis on a un russkoff pas sympa, un brésilien chauve, un irlandais un peu rital, une britiche vachement courageuse, un allemand scientifik et logik et une chinoise pas marrante qui parle tout le temps chinois alors que tout le monde cause anglais. Ils doivent sauver l’humanité, on a bien capté.

Leur truc hi-tech ne marche pas même s’ils font ctrl-alt-suppr 46 fois, mais pouf la 47 ème ça pète et les voilà dans une dimension parallèle (ou para LOL devrais-je dire). Ça part en cacahuète de tous les côtés.

L’irlandais perd son bras mais celui-ci réapparaît en mode autonome comme the Thing dans la famille Addams (le bras, hein par l’irlandais), le russkoff clapote en crachant des vers, la chinoise est congelée façon raviolis à la vapeur dans un supermarché du XIIIème, le captain ricain se sacrifie à un moment, et puis ça se corse car une nordique pas moche venue de la dimension parallèle se met à flinguer à tout va. Le tout dans des couloirs genre vaisseau spatial bien éclairé (90% du budget décors ?)

Leur station est à moitié cassée de partout, mais on voit des scènes où l’équipage (avant de clamser, attention) répare tout bien en se donnant des instructions techniques, avec juste des clefs de 12 et du mastic pour les joints, sans oublier de ventiler les aérations, car l’humidité c’est jamais bon pour les réacteurs à Boson de Higgs. Je veux qu’on m’explique ça, un jour, car même pour redémarrer une 208, il faut une valise d’outils à disque dur intégré et de procédures qui prennent des heures…

Sur Terre, c’est la guerre, mais on peut s’envoyer des textos quand même, il y a de la fumée partout et le RER A doit encore être en incident voyageur… et le gentil mari de la britiche sauve une petite fille qui était perdue dans des ruines : ils vont dans un abri anti atomique avec tout le confort moderne. Ouf, il reçoit un message de ses parents qui le remercient. J’allais oublier que leurs mioches étaient DCD raides cramés nous dit-on because ils avaient acheté une batterie (?) pour chauffer la maison. Pas de bol, tout a fini en BBQ et les gamins dans le rôle des saucisses. La maman britiche pleure souvent et c’est l’occasion de nous passer des vidéos ratées de leur ex-vie de famille sans intérêt, en boucle.

A la fin, il reste le germain et le gentille brit qui reviennent sur Terre après avoir fait remarcher le réacteur-chaudière universel, alléluia, mais ouille les monstres sont parmi nous et on a peur, un peu, car un gros crocodile dépasse de l’atmosphère et fait ggwwwwarrrr. Fin du film.

Je dis bonjour le navet, coucou le mauvais trip NASA-naze.

Du sous « Perdus dans l’Espace », du « 2001 » de pacotille, du « Gravity » qui s’écrase comme une … tarte. Tous les clichés du genre spatial sont au rendez-vous, au garde à vous devrais-je dire.

Un nanar ? Même pas, parce qu’un nanar au moins c’est marrant. Les acteurs ont l’air de s’étonner eux-mêmes des répliques stupides qu’on leur a collé entre les lèvres.

Ce qui me troue l’hyper-espace, c’est que tant de gens aient passé tant de temps et d’énergie, dépensé tant d’efforts et d’argent pour arriver à un résultat aussi risible. Quarante cinq f ***g millions de dollars claqués pour arriver à … ça ? Hé oui.

Personne, aucune âme charitable, ne leur parlait pendant le projet ? Tu sais : le coup des gosses, eh moyen… ou bien : les gars, vous avez regardé Aliens ? parce que ce truc-là, on connaît !

Ce gros bin’s me fait penser aux entreprises multinationales que j’ai fréquentées de l’intérieur. Des milliers de consultants, des process, des produits bien pensés, des déclarations sur le leadership et la bienveillance alors que les employés finissent soit délocalisés à Bombay soit en burnout à la Défense.

Un gros vaisseau sans âme et sans humain qui pilote, conçu pour les résultats à court terme et puis c’est tout.

Manque de chance, pour aller sur la Lune, il faut au moins viser Mars, voire plus loin et The Cloverfield Paradox décolle moins haut que les frères Wright. A défaut de refaire pousser les trèfles, il ne rase pas davantage les marguerites.

Elles ont au moins cette chance, les marguerites…

Jérôme « Gagarine » V.

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