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Grand absent stratégique de mon Top of the Best 2017, Soulwax a sa place parmi mes précieux, et c’est pour mieux les recommander dans cette chronique. Fan conquise de la première heure depuis 1996, suivant leurs différentes prestations électro y compris en 2ManyDJs, ou leur dernier album studio Nite Versions (2005), leur 8ème et dernier album From Deewee (label PIAS Recordings) sorti en 2017 ne cesse de hanter mes enceintes.

Soulwax, c’est deux sires de l’âme belges et frères David et Stephen Dewaele, qui officient au studio Deewee avec cette fois-ci Stefaan Van Leuven, Steve Slingeneyer tous deux habitués des claviers et basses et  Laima Leyton (Mixhell) aux claviers avec choeurs. Ils ont fait du remix de rock indépendant, pop synthé, mashup une œuvre à part entière enrichie de samples éclectiques à dominante électro. On ne peut citer la liste exhaustive de leurs remixes tant il y en existe mais leur remix de Let It Happen de Tame Impala ou de Phantom Pt. II de Justice valent le coup d’oreille. From Deewee est une ode aux mécaniques musicales, aux programmations en transit temporel transitoires. La présence vocale humaine est contrebalancée par l’aisance avec laquelle trois batteurs, Igor Cavalera du groupe Cavalera Conspiracy et ancien percussionniste de Sepultura, Blake Davies à la batterie du groupe de rock anglais Turbowolf et Victoria Smith batteuse de M.I.A, Ipso Facto et The Big Pink unissent leurs forces. Tout ce petit monde s’est retrouvé en scène de l’impressionnante tournée  Transient Program For Drums and Machinery à travers l’Europe en 2017. Sortis de la routine sédentaire d’enregistrement en studio, Soulwax performe les morceaux de From Deewee (du nom du studio) en scène. Ils ont conclu avec brio les 19emès Solidays et ont fait vibrer les oreilles du Montreux Jazz Festival en juillet 2017 avec une performance live exceptionnelle.2

La cire de l’âme, liant marquant le sceau d’une musique immanente et transcendante, Soulwax peut être partout, tout le temps, remixant du déjà-entendu pour en faire du beaucoup s’entendra. On ne peut pas leur reprocher un manque d’originalité puisque c’est la marque de fabrique de leurs mixages. L’album cinq étoiles et + From Deewee comporte des chansons intégralement soulwaxiennes, du beat aux paroles, bien au-delà des espérances auditives, des batteries de percussion massive aux synthétiseurs qui harmonisent à merveille rythme et mélodie inédit ou repris. Tout cela mène à des improvisations créatives lors des titres de l’album en concert:

Ainsi, Masterplanned est à la limite du rock industriel. La construction et déconstruction par morceaux s’emballe et connaît des accélérations de tempo dignes des meilleurs et plus puissants bruits d’usines, diffusant le futur déjà présent inspiré d’un zeste kraftwerkien. Tout comme dans Conditions of A Shared Belief qui effleure bon l’électro d’un geste new-wave, on identifie le Kraftwerk allemand de l’album Man-Machine (1978 du label Kling-Klang) particulèrement le titre The Robots, et on imagine l’esclave machine consentante conçue des mains humaines de l’homme de plus en plus dépendant et du morceau Neon Lights. Man-Machine fut reconnu par beaucoup comme le meilleur de Kraftwerk et influença durablement la new-wave depuis, comme celle du groupe versaillais Air par exemple.

Missing Wires c’est un battage de mains se substituant un temps à la batterie qui reprend ses droits et détend les doigts aux baguettes…comme un clin d’œil d’oreille à une marche militaire japonisante en ordre de démarche.

Clip Youtube visible à l’envi, celui de It is Always Binary :

My Tired Eyes porte des sonorités de Depeche Mode, nostalgie révérencieuse d’une époque où le clavier restait à majorité sous doigté humain, et non programmé. Transient Programs for Drums and Machinery, du nom de la tournée, est une berceuse sur le mode d’incantation répétée, défiant les lois d’une réalité artificielle. La complainte Trespassers marque une pause pour un audiophile de l’union douce des claviers et cymbales. Mais la batterie immanente fait vibrer les ondes en lévitation de The Singer Has Become A DeeJay.

Avec cet album studio hors les murs, y en a pour tous les goûts électro à écouter sans modération avec exagération même des basses en amplis, dans l’excès afin de bien s’imprégner d’énergie musicale dispensée en remède contre l’attente d’un futur album. Soulwax c’est des performances live renouvelées à chaque concert à surveiller de près en 2018, encore en Europe pour quelques dates, poursuivant la tournée sur le continent américain et annoncé au festival Coachella en avril en Californie.

Songazine se tient dans les startin’ clock pour tenter de vous livrer une interview !

Van MdbS

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