Laurent Benitah a l’air sympa, il nous invite à prendre notre temps dans son album, le premier, qui titre « rien ne presse » qui sort le 4 octobre 2024.
Le cofondateur du projet Zen zila, du bon Rock français made in 69, décide de nous embarquer dans une aventure en solo après un EP « dépareillé » en 2021 qui donnait déjà le ton, du texte, du texte, et de la chanson, un peu électro Bashugienne, une voix à la Arthur H rocailleuse qui racle les tréfonds de l’âme, un western musical à lui tout seul.
Et le 4 octobre 2024 sort donc son premier album
D’ores et déjà, la pochette de l’album nous invite à le rejoindre à marée basse, assis sur une chaise, contemplant la mer dans une atmosphère paisible, un tableau monochrome qui évoque la sérénité.
Monsieur Benitah nous entraîne un peu loin de la terre pour explorer la mer ?
Prendre la mer, partir à l’aventure, c’est aussi ça le plus important dans la vie d’un homme. Peut-être faut-il déjà se perdre pour se retrouver ?
Quelques photos et deux clips plus tard se confirme l’évidence l’homme aime la Bretagne, et ça fait plaisir ! Photo prise sur un chalutier, il a un caban et le regard cherchant l’inconnu dans l’horizon…. Le décor est posé
Dans les deux clips présentés, le morceau « le déluge » , parle de Noé qui viendrait percuter le mythe face au monde d’aujourd’hui, et dans « 38 degrés » on parle de naufrage, avec le surf de gros, la mer encore aux coins des yeux pour Laurent Benitah.
L’homme veut partir loin peut-être, ou simplement nous emmener en Bretagne, 38 degrés en Bretagne ? chiche ! et le déluge oui ça d’accord !
« La vague » nous submerge par son intensité dans les dernières chansons, dont au passage, aucune n’est à jeter, aucune faiblesse dans la tracklist sinon de nous faire tanguer entre électro et blues rock pétri par le vent et les rochers acérés des bords de mers.
Chers amis c’est un authentique album de texte que nous avons là.
Et on va même sur le sentier de la littérature, avec la complicité de l’écrivaine Brigitte Giraud, qui a été Goncourt 2022, mazette !
Elle écrit des textes dont un qui s’appelle « les cailloux », qu’ils vont interpréter en duo dans cet album, comme une aide à la résilience, nous dit-on, face aux intempéries du quotidien qui viennent nous écorcher dans le lit d’une rivière asséchée…. woooow
Alors effectivement pour certains, ça sent le verbe, le trop de textes, pas assez de place à la musique, eh bien, non et c’est ce qui est très bien réussi dans cet album.
La capacité à ce que le texte ne noie pas la musique et que la musique rende justesse au texte
Dans « Crawl man » on part dans une transe aux accents « indien d’Amérique » qui surprend par sa nage du crawl, alors non conventionnelle fin 19ème
10 titres modernes et particulièrement travaillés de bout en bout, homogène on sent que le travail a été long et dans le souci du détail.
Laurent Benitah sait s’orienter, et s’entourer, puisqu’il est accompagné par Jacques Roussel et le guitariste des shérifs, Ritchie Buzz.
L’homme sait où il va
Alors évidemment, le projet sent très clairement l’influence du Slam, du scandé, aussi bien dans le phrasé, le parler et dans l’orientation des paroles .
Pour l’orchestration c’est de l’électro light, globalement et savamment dosée, et la chanson « Mouliner » rappelle Alain Bashung, dans un format classique basse batterie guitare et piano.
Alors évidemment, pour le commun des mortels, il y a peut-être une difficulté à rentrer dans le texte et à rentrer dans la musique, mais c’est justement encore une fois la beauté de ce projet qui est d’amener les mots en musique grâce au talent de l’artiste
Un beau projet qui je pense va conquérir une bonne partie de nos auditeurs, qui ont besoin de s’élever à la fois en termes de son et d’être embarqué dans cette eau glissée, textuelle, dans ces dix morceaux, complices, où les mots prennent un sens précis et découpe les sentiments pour mieux s’en repaître à satiété.
Des chansons à texte à la limite de la poésie, du slam, le tout bien enveloppé dans un écrin de musique alliant le moderne, l’électro et l’ ancien monde plus intimiste.
Parfait !
Une vraie belle découverte musicale, alors si Laurent Benitah nous dit, rien ne presse, moi je vous encourage rapidement à découvrir cet album, qui ne s’écoute pas n’importe comment.
@pyofficiel