Un tout premier gros coup de cœur de 2025, le jour où Jean-Marie Leborgne rejoint ses citations latines et où l’on commémore, la boule au ventre et la rage à l’âme, les 12 du massacre de « Charlie ».
Liberté d’expression au pays des expressos, j’écris ton nom en lettres de sang et de feu, car chez Songazine, notre idéal voltairien est évidemment plus proche de Malraux et Jean Moulin que d’Adolf ou Benito, comme des talibans (2 nazes).
Justement… vous voulez de la libre pensée bien pesée ?
Je vous demande de faire un triomphe à Ramon Pipin, troubadour en inox de la chanson futée et bien troussée depuis cinq décennies ; son dernier album « Chants Electriques » est un coffre à trésors, empli de petits bijoux.
13 chansons inédites, libres comme l’air qui cumulent des paroles fortes, marrantes, parfois touchantes mais 200% bien écrites dans un vrai medley multi-talents. Côté musique, ce cher Ramon Pipin n’hésite pas à taper large, mélanger les genres avec fougue… à la fois en faisant mine de parodier mais en jouant effectivement très très bien ! Il faut fortement tenir la route si l’on veut jouer des allusions et des références… c’est ici le cas et on applaudit sans réserve.
Dans cet opus, le hard-rock façon AC-DC, le Metal sont bien là, mais aussi les balades, l’indie pop, l’électro pop, et j’en passe et rien n’est laissé au hasard, tout est fait maison par de vrais musiciens, de vrais ingénieurs du son qui « ont du level » comme disent nos jeunes élèves ou amis.
Et les paroles sont complètement à écouter, déguster, apprécier, réécouter. Non seulement pleuvent des jeux de mots, mais du comique de situation et de référence se glisse dans chaque vers, sans oublier une paire de textes plus nostalgiques ou romantiques. De la punchline géniale, en veux-tu ? En voilà !
Les thèmes abordés sont bien saignants : le meilleur poison du FSB / KGB, les maladies physiques ou mentales, la peur sous toutes ses formes et tout ce qui pimente la vie comme… notre mort assurée. Coups de griffe bien ajustés aux comédies même pas drôles dont nous abreuve le cinéma franchouillard avec ces acteurs cabotins (ou en slip) qui cachetonnent dans la médiocrité en 24 images par seconde. Souvenir d’amours passées qui finissent mal.
Bref, un régal pour les oreilles (et ce qu’il y a entre les deux).
On ne le dira jamais assez, ceux qui osent braver la banalité et font preuve d’audace textuelle sont nos amis.
Merci cher Ramon Pipin de nous mettre quelque peu joie pour démarrer finement cette annus, qu’on n’espère point trop horribilis.
Jérôme «j’aime bien le kouign amman » V.
PS : à surtout ne pas manquer aussi et à revoir : hilarants et brefs, « Les Excellents » (les chefs d’œuvre du rock massacrés par nos soins) de ce musicien ami et de sa bande de loufoques érudits.