Si on vous dit Barrow in Furness, sympathique bourgade côtière faisant face à l’Ile de Man, pas très loin de Manchester, vous vous dites, ça sent l’angoisse, encore plus quand je vous dis que c’est la ville anglaise connue pour le chantier naval de sous-marins nucléaires et de l’industrie de l’armement.

Qu’est ce qui se trame ici ? en regardant les images de Barrow sur un moteur de recherche on perçoit une réalité industrielle digne d’un épisode de Peaky Blinders, une ville qui a subit tous les affronts de la révolution industrielle et qui au début des 70’s a certainement décliné.

Ça sent la lutte des classes a coup de faucille et de marteau, les fléchettes et la bière dans des pubs.

Véritable terreau pour la révolte, ces villes font éclore des talents d’écritures, de paroles crues, réalistes, sanguines, marquées à l’encre du charbon.

Musicalement, il ne peut s’y passer que des trucs violents, c’est pas possible autrement !

Dans cette ville de Barrow, un groupe de punk local du nom de The Liars Club, en hommage au pub mancunien du même nom, défraie la chronique…

Dernier groupe prometteur à sensation, donc, The Liars Club arrive le 18 juin prochain avec un EP 6 titres plein de punk dedans, mais pas que…

Atrocement jeunes pour leur maturité musicale, ce n’est pas qu’un autre groupe de punk à bière, comme l’Angleterre peut nous en fournir à la pelle, les sonorités parentes sur quelques morceaux font appel à la soul, au rock. Parfois on entend dans les enchainements des similitudes aux Arctic Monkeys, rythmiquement c’est très intéressant, et énervant de voir la maturité de ces jeunes gens qui ont à peine la vingtaine, nous proposer une musique suintant la mort et le désespoir.

D’ailleurs parlons-en, le groupe n’en sortirait pas aussi grand si une tragique mort de leur bassiste ne rappelait pas que la santé mentale demeure un des sujets de prédilections du groupe, la résilience dans le punk ? prochaine chronique promis juré !

De prime abord, on entend un chant agressif et rocailleux puant l’urgence à plein nez, et en lisant les paroles, par exemple le titre de la chanson « 8 tonne » est une information sur la consommation annuelle de cocaïne des londoniens, on comprend que ces jeunes baignent dans une jungle, où se côtoient came, suicide et banlieue forcément pourrie.

Il ya un gros travail de construction de l’identité sonore, la voix bien sûr, avec des élans 70’s proche d’un Jim Morrison mais c’est surtout sur les guitares, particulièrement propres pour du punk, qui intrigue, qui a donc pu cerner aussi bien leurs sons ?

Cet EP est un petit bijou c’est indéniable, il est poli par un grand monsieur de la production anglaise Gavin Monaghan, déjà à l’honneur avec The Blinders l’autre groupe du coin, qui monte lui aussi.

Avec « Tutankhamun » la chanson explore directement l’héritage punk avec cette envie pressante d’aller pogoter dans des fosses, sans masques si possible, et bien sûr sans distanciation sociale.

Les petits gars ont très bien intégré la recette d’un bon morceau de punk, ça va vite rythmiquement les guitares saturent juste ce qu’il faut et il y a toujours ce chant qui vient nous rappeler que l’urgence de vivre toujours et encore, est présente, mais pour combien de temps ?

Alors si leurs ainés criaient « no futur », eux le vivent au présent, avec on espère un entourage bienveillant, afin d’éviter que ces futurs star du genre ne finissent dans un caniveau, mais est ce vraiment ce qu’ils veulent éviter, n’est ce pas l’aboutissement d’un groupe de punk, que de mettre tout à fond sur scène, et tout envoyer péter ?

Ça serait vraiment dommage, je meurs d’envie d’aller les voir sur scène afin de confronter cette réalité post prolétarienne, ne mourrez pas les petits gars avant que je vous aie vu sur scène !!  Histoire qu’on puisse écrire un épisode de plus sur votre légende.

 

PY

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