Poni Hoax – « Greatest Hits : Everything is real » : Le retour des ombres du clair-obscur

On pensait leur histoire close, leurs guitares raccrochées aux cintres de la légende underground. Mais non, les fantômes dansants de Poni Hoax réapparaissent. Et ils n’ont rien perdu de leur éclat vénéneux.

Le 11 avril, le groupe culte du rock synthétique à la française ressuscite en fanfare avec un album compilation au titre aussi troublant que limpide : Greatest Hits : Everything is real. Et tout semble soudain plus vrai.

Formé en 2001 autour de cinq musiciens aussi brillants qu’originaux — dont le feu, charismatique et inclassable Nicolas Ker, poète punk et dandy déglingué — Poni Hoax aura marqué au fer rouge une décennie bien sage. Trois albums, des morceaux comme des uppercuts électro-rock (on pense bien sûr à l’hymne imparable Antibodies ou à l’incandescent LA Murder), et une esthétique à la fois érudite, ténébreuse et sensuelle. Un groupe qui n’a jamais fait de concessions, préférant l’éclat brut du son à la lumière facile des hits faciles, les lignes troubles aux contours trop nets.

Avec Everything is real, Poni Hoax ravive la flamme en offrant une porte d’entrée idéale d’un univers singulier. Cette sélection soignée de leurs titres les plus marquants est agrémentée de trois inédits, comme autant de fragments d’un passé toujours vivant. Parmi eux, la pépite Country Leather – Rough Version, une démo de 2010 exhumée des bandes à part -non perdues- du groupe. Une ballade de cuir et de spleen, toute en douceur bancale et élégance brisée, portée par la voix spectrale de Ker, disparu en 2021. Une chanson comme une caresse d’adieu, une dernière virée nocturne sur les routes sinueuses de l’âme.

C’est donc un disque de belles retrouvailles, mais aussi un acte de mémoire. Car Poni Hoax, plus qu’un groupe, c’était un style, une attitude. Une idée exigeante de la musique, où l’intensité émotionnelle le disputait à l’audace formelle. Le label Pan European Recording et Tigersushi l’ont bien compris : ce Greatest Hits est une œuvre patrimoniale. Mieux, un manifeste.

Et cerise noire sur le vinyle : l’édition physique, tirée en quantité limitée, sortira à l’occasion du Disquaire Day le 12 avril. Une pièce de collection, pour tous ceux qui savent que danser peut parfois être un acte de résistance, et qu’il existe des groupes dont les chansons traversent le temps sans jamais perdre leur mystère.

Poni Hoax est parti ? Non ! Longue vie à Poni Hoax.

Jérôme « Antibody » V.

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