Le brouillard est dense, la lune peine à faire apercevoir les contours des arbres, un frisson parcourt votre échine. Vous regrettez ce qui s’est passé. Il n’aurait pas dû s’énerver. C’était mérité. Et puis, suivre le chemin, juste suivre le chemin tracé. La police ne trouvera pas de traces. Vous pensez bien à quelques indices, mais tant pis. Qui se souviendra de tout ça ?

Eclairons de notre modeste faisceau de lampe la B.O. de cette ambiance que pourrait être Pilgrimage, cinquième album produit par Opium Dream Estate.

Sombre, propice à la rêverie inquiète, cet opus cohérent et puissant plaira certainement à ceux qui connaissent Bauhaus par exemple (oui il y a des sonorités qui se répondent entre les deux groupes, not bad, hey ?).

On lit : « A Paris-based band lost in between rock noir, psychedelic and gothic folk » mais Paris ou Manchester, Berlin ou Barcelone, qu’importe, le chant est en anglais et porte avec grâce l’attirail de la mélancolie électrocutée.

La grande musique pop rock et ses ramifications de poésie noire font du bien à l’âme.

Les chants désespérés sont les chants les plus beaux

Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots

(Musset avait raison, d’ailleurs, il serait fan de New Order et des Sisters Of Mercy ce poète, car la Compagnie Créole et Chic on verra pour… Prévert ?)

On n’est pas là pour rigoler, mais est-ce qu’un tableau de Klimt, un film de Lynch, un texte de Baudelaire sert à faire marcher vos zygomatiques ? Moi je déteste ces musiques sans âme faussement joyeuses qui ont la profondeur d’une glace à l’eau fondue un jour de canicule.

Autre humeur, autre mood… black is black, Opium Dream Estate peint comme Soulages et ce n’est pas la fête de l’arc-en-ciel, ni de la palette du CP de Madame Ginette, instit’ à l’Hay-les-Roses ; ça tombe bien, prenez ma garde-robe actuelle et lancez une machine, même pas besoin de trier, tout est foncé. Pour la musique que j’aime, c’est presque pareil.

Dark and darker. Excellente facture que celle de ces 11 chansons graves, amples qui prennent leur temps et vous emportent.

On n’en dira pas plus, la nuit tombe, rentrez chez vous et écoutez Pilgrimage.

Jérôme «press the eject and give me the tape » V.

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