Je n’ai aucun mérite, pas le moindre effort à fournir.
Sévèrement contaminé par le virus du Blues, en apesanteur lorsque je vais à Chicago, en transe si j’entends les douze mesures composées par ceux qui ont vendu leur âme à qui vous savez à un carrefour et de nuit…Bref, pour moi c’est du gâteau si on me donne à entendre cette musique aux racines plantées entre Mississipi et Illinois.
Mais, en plus il m’est envoyé une galette de luxe.
Pensez-donc, le très bel album Leadbelly’s Gold, d’Eric Bibb et Jean-Jacques Milteau. Travail de présentation impeccable, notes de pochettes soignées, texte bilingue, photos de qualité, le contenant est déjà au top et le contenu magique ; 11 titres « live », 5 en studio.
Et il s’agit ici de rendre hommage par des reprises et des créations à un monument de la musique nord-américaine : Leadbelly. Enorme référence du blues et du folk, entré dans l’Histoire grâce aux fameux Lomax, cet homme hors norme a eu une vie terrible, y compris un passage par la case ferme-pénitentiaire. Barde de la condition des afro-américains, compositeur de classiques et interprète de chansons « traditionnelle », Leadbelly a inspiré des dizaines de musiciens blues, folk et rock. Il a chanté la liberté, le racisme, la ségrégation, les castes sociales et tout cela trouve un écho bien actuel au pays d’Obama et/ou de Donald Trump. We love USA, bien sûr, mais là-bas quand c’est dur, c’est f*** dur !
Les grands musiciens burinés que sont Bibb et Milteau nous livrent un disque habité, humain, proche et sensible, eux qui sont imprégnés de cette culture fabuleuse que j’adore aussi (je vous l’ai dit, pas de mérite pour moi, trop facile…).
Mais ici, on est dans l’hommage ultra-classieux à un pan d’histoire proche de nous, proche par sa vérité, les sentiments universels qui sont exprimés par les compères. Milteau avec ses harmonicas formidables, bondissants et évocateurs, Bibb qui nous tient par son timbre de voix : on y est en Louisiane, vers 1933, c’est beau et on aime ça, beaucoup.
Style intemporel, grandiose célébration. Nous sommes tous sur la même longueur d’ondes, unis par la force de ce sortilège.
La médiocrité de nombreux baveurs musiques actuelles mercantiles, fausses et vulgaires qui se vendent par camions entier apparaît ici encore plus futile, encore plus dérisoire.
Inclinez-vous, car la stature bienveillante d’un géant comme Leadbelly devrait vous faire jeter toute cette daube à la mer, cette guimauve dans le vide-ordures. Et des musiciens comme ceux que nous avons cités devraient être portés aux nues…
Il n’en est quasiment rien et seul un cercle de fans têtus restent convaincus de la grandeur de tout ceci.
Nous en faisons partie, brothers and sisters, jour après jour, dans notre sang et notre âme… et ça, c’est déjà une petite consolation.
Thanks guys, love and respect.
Jérôme « Grey Goose » V.
PS : frissons d’entendre « Where did you sleep last night », en repensant à la version unplugged de Nirvana.