Le Divan du Monde, Paris. Samedi 20 février 2016
Première partie
Verte est la feuille, chaud le printemps ! Les quatre bûcherons de Green Leaf prennent racine pour nous envoyer du bois. Attention, on ne parle pas de la petite brindille timide et esseulée, mais plutôt d’un chêne centenaire bien solide à l’écorce dure. Du rock n’roll feuillu sans chlorophylle, comme un coup de branche en pleine tempête. Les notes bourgeonnent et fleurissent sur les manches des ‘zikos le long du bois fertile de leurs instruments.
Le guitariste, un peu rondouillard, reste néanmoins déchaîné ! Un bassiste souriant, un batteur survitaminé et un chanteur barbemoussu ont entretenu pendant une grosse demi-heure une végétation luxuriante, fleurie de groove et de rock des familles, avec des teintes parfois calmes et envoûtantes. Le parterre de tournesols que nous fûmes se montra captivé par le quatuor solaire, sans détourner la tête une seule seconde.
L’aube d’une belle soirée.
Le réveil de Karma !
Tel l’ours se réveillant après une longue hibernation, la musique de My Sleeping Karma ouvre nos chakras engourdis par la vive vie parisienne.
Les quatre allemands illuminent dès les premières secondes la petite salle et ses planches. Cette irradiation n’aura de cesse de nous envahir tout au long du set. Ici, pas de chanteur, mais inutile ! La musique n’a pas besoin de voix pour nous transporter loin, très loin. Le bassiste, le guitariste et le batteur se révèlent, comme d’habitude, éclatants de complicité, se souriant régulièrement et se tapant le poing entre les morceaux comme pour se féliciter et s’encourager. Cela est rare et exceptionnel, et rien que d’y repenser, des frissons parcourent mon dos !
Un lien fort les unit, à tel point qu’il serait presque visible à l’œil nu. Le bonheur d’être sur scène se lit sur leurs visages, ainsi que dans leurs gestes, dans leurs mimiques et dans leur présence. On pourrait presque croire que la musique reste optionnelle tant leurs énergies sont immenses !
Mais il n’en est rien. Leur set d’une heure s’est écoulé en un instant, comme si le printemps n’avait duré qu’un jour. Des notes profondes et intenses et rituelles nous submergent du début à la fin, pour se lier moléculairement à nos atomes de chair et de sang ; nous ne faisons plus qu’un, une seule et même entité réunie, pour se sentit vivants et heureux. Leur rock progressif mystique a encore une fois fait son office. Un concert somptueux et spirituel ;
MSK est pour moi un groupe incontournable à ne rater sous aucun prétexte !
Guillaume Vaillant