Lilimarche

En cette belle soirée de printemps, le quartier de la Bastille brûle de par son effervescence. Cafés et autres lieux de convivialité ne désemplissent pas, alimentant un brouhaha constant.

Non loin de là, lové dans une petite ruelle… le Studio des Variétés. Un centre de formation dédié, depuis plus de 30 ans, à ces artistes des musiques actuelles dont l’esthétisme musical ne cesse de se renouveler. Contribuant à la mise en œuvre de leurs projets professionnels, le studio répond à cette soif inaltérable de perfectionnement et de créativité. Orelsan, La Grande Sophie, Oldelaf, Tiken Jah Fakoly ont, entre autres, embrasé l’endroit de leur fougue artistique.

Dans peu de temps, le Studio des Variétés vibrera au rythme d’une impulsion mélodique, insufflée avec grâce et volupté par l’une de ces artistes, pépite de la nouvelle scène émergente française : Lilimarche, au riche parcours artistique (collaboration avec Grand Corps Malade, Raphael, Louis Bertignac…). Mais pour l’heure, curieuse et ravie d’assister à ce showcase uniquement destiné, ce soir-là, au milieu professionnel, j’arrivais enfin.

Une petite salle plongée dans l’obscurité. Seule la scène reste auréolée d’un halo de lumière. Lilimarche est là. Ses deux musiciens aussi.

Et puis, soudain, brisant ce silence qui s’était installé depuis peu… une voix…  féminine… suave… et nimbée d’un léger voile à la douce profondeur. La guitare bat la mesure, les notes pianesques accentuent cette impression de sombre solennité et de démesure. Camille, extrait de son second EP, nous entraîne, dès lors, dans cette spirale mélancolique, folle et incessante, symbolique d’une âme en perdition.

Un petit mot et très vite, l’auteur-compositrice interprète nous invite à découvrir, au travers d’une immersion musicale dont Camille fut le prélude, ses deux EP, Au bar de l’Hôtel sorti en 2014 et entièrement autoproduit mais aussi  Chansons Polaroids, ayant vu le jour en février 2016 et chroniqué, depuis, par notre rédac chef, himself.

FlashBall, à l’évanescente légèreté pop folk, accapare très vite l’espace embaumant l’air d’une nostalgique ondée printanière. Issu de son premier EP, Aime Moi Bien, à l’accent pop, sonne comme une mise en garde teintée de ce soupçon d’ironie romantique alors que le titre François tout droit sorti de Chansons Polaroids résonne telle une ritournelle dont le cloisonnement égoïste et sentimental devient le condamnable leitmotiv. Ode somptueuse à l’intimité acoustique de l’opus Au Bar de l’Hôtel, Ce matin, magnifiée par une âme guitaristique, attise cette sensibilité proche de l’émotivité lacrymale. Danse, hymne langoureux, susurre des mots d’amour suggérant, avec humour, l’ombre d’une pause. Etendard éponyme de son premier écrin musical, Au Bar de l’Hôtel impose une gouaille électro pop.

lilimarcheClôturant le showcase, Amour d’Eté, petit bijou estival de Chansons Polaroids dévoile une musicalité électro pop énergique, sexy, solaire sur fond de désillusions adolescentes (et d’un coup, Lilimarche me fait penser à Muriel Moreno du groupe Niagara). Et que dire des chœurs apportant cette petite touche finale, rafraichissante et libertaire !

Lilimarche, de son vrai nom Leslie Bourdin, nous confiait, en ce 21 avril 2016, ses émois, théâtre d’instantanés musicaux et fragments épisodiques d’une vie. Envouté par un lyrisme flamboyant à l’élégance textuelle, on ne peut que l’écouter. Longtemps… jusqu’à en redemander encore.

Chantal Goncalves

Si vous voulez découvrir la chronique sur le superbe EP Chansons Polaroids, c’est par ici : http://songazine.fr/v2/lilimarche-instantanes-bien-developpes/

 

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