Où le rédac chef parfois un brin flemmard doit bien admettre qu’il a failli rater un truc balèze…
La flemme. Juste la flemme. La faute, sans doute, au texte d’accompagnement destiné aux journalistes : trop long, en anglais dense et écrit en marron sur fond gris, avec une police que je ne peux lire sans lunettes.
La flemme, je vous dis.
Et ce nom de groupe, bof, pas vraiment sexy, disons-le tout net.
Shame, ce n’est pas le concept vers lequel je me jette, de façon naturelle (si je les rencontre un jour, je leur dirai, trouveront ils ça drôle ?)
Dimanche matin, je prends le temps de le télécharger et de l’installer sur mon lecteur mp3. Entre temps, gros coup de cœur pour le Calexico, que j’écoute en boucle. Un peu de soleil dans la grisaille de janvier…
Mais, ce matin, j’ai pris l’album Songs Of Praise dans la tête, entre La Défense et Hôtel de Ville, ligne 1. Violemment, ardemment, méchamment. Un moment presque en apnée, tellement j’étais heureux d’entendre les morceaux qui rageaient dans mon casque. J’avais les yeux qui s’écarquillaient, les oreilles qui frétillaient et envie de choper des passagers de leur crier : « Punaise, écoutez-ça, les gens, vous ferez la gueule pour une bonne raison, au moins, c’est noir, c’est beau ce machin ! » Je crains fort de n’avoir eu à cet instant qu’un nombre limité de complices.
Bref, paf pouf pif, je vous l’affirme en ces lignes : voici un coffret qui renferme 10 perles noires post-punk. Inutile de chercher à minauder, à détailler, à faire le malin : cet album est simplement puissant, magnifique, racé et grandiose. Une découverte, dans la lignée des groupes britanniques torturés qui creusent un sillon sombre et maléfique depuis la fin des 70’s. Vous savez forcément de qui je parle.
Show, don’t tell, disent tous les ateliers d’écriture de la terre. Je ne vous ferai pas un dessin, une dissection, un rapport post-opératoire, un mind-mapping, un argumentaire en trois points ; rien de tout cela n’est nécessaire, rien de tout cela ne serait utile pour vous inciter à écouter d’urgence cet album. Après tout, je n’ai rien à gagner, aucun bénéfice à en tirer, pas la moindre médaille à accrocher à mon plastron. J’ai failli rater un truc balèze, un deuxième coup de cœur pour janvier. Juste à cause d’une petite dose de flemme mal placée ? Bigre cela aurait été ballot ! Et vous, que décidez-vous maintenant ?
Jérôme « shameful » V.
PS : L’artwork de la pochette, hmmmm, heureusement que je ne l’ai pas vu avant… j’aurais pu carrément appuyer sur « suppr. » et effacer (bêtement) le mail de mon contact presse RP, que je remercie vivement ici.
Big up, Agnieszka !