Après un excellent couscous, dans un bistrot, Saint-Denis…
Son label tient dans son appartement en Seine-Saint Denis. Tom, sous sa barbe, ses lunettes, son bonnet, gère un excellent catalogue de garage, d’où sortent les noms de Kaviar Special, Combomatix, Volage, The Madcaps.
Songazine vous raconte son histoire.
Son aventure commença durant ses études, quand il se mit à s’intéresser à la musique par l’intermédiaire des labels. « J’aimais ce concept où des mecs partis de rien se sont mis à créer une scène. Tu prends l’exemple d’In The Red Records. Il y a tout ce que j’ai écouté en garage-punk à l’époque. A savoir, Black Lips, The Gories, Thee Oh Sees. A partir de ce moment-là, l’idée a germé dans ma tête et je me suis lancé dans l’affaire. » Pendant ces années d’école de gestion de la musique, un séjour en Angleterre va lui permettre de réaliser son objectif. « J’ai effectué un stage à Londres chez Dirty Water Records. Un label que j’adore et qui m’a poussé vers ce milieu. C’était génial et m’a permis de voir que c’était faisable. Voir trois mecs qui géraient leur maison de disques alors que ce n’était pas leur boulot d’origine, c’est motivant. »
En septembre 2011, en rentrant de Londres, il fonde les prémices d’Howlin’ Banana Records. « Je n’avais pas de blé, à l’époque, du coup avec mon travail, j’en ai mis de côté. En premier, j’ai commencé par effectuer du touring. Une activité que je ne savais pas gérer, à l’époque. Je me suis rendu compte que c’était accessible dans la pratique. J’ai débuté en produisant la tournée des Vicars, du label où j’étais en stage à Londres. J’amenais des groupes que j’aimais bien en France. » Ensuite, un deuxième évènement arriva : « Mon premier disque est sorti en mai 2012. C’était The Sixties Second Swingers. Du garage-punk de La Rochelle, » se remémore-t-il.
La proximité, la langue sont les arguments motivant son choix de produire des groupes français. Il se souvient : « Au début, j’avais plus de mal à produire des groupes étrangers. Je me suis dirigé vers l’Hexagone, par facilité. Ils sont plus faciles à faire jouer à Paris et à rencontrer. » Pendant un temps, ceux qu’il produit baignent dans le son revival. « Soit avec des sons très 60’s, soit des années 80’s, mais des revivals de revivals. J’écoutais aussi des formations récentes comme Black Lips, Ty Segall. Petit à petit, ça a pris le pas sur ce que j’écoutais avant. Je me suis mis à réfléchir et à sortir des groupes qui ont un pied dans la modernité. »
Un troisième tournant arrive avec la sortie du premier album Travel Check : « Ils sont venus me voir pour chercher des dates. Nous avons vite sympathisé. C’était la première fois que je sortais un disque qui ne sonnait pas années 60’s. C’est à partir de là que le label a pris vraiment forme. » C’est à cette époque que Tom rencontre les Kaviar Special, Volage... « Je me suis rendu compte que la scène garage française était composée d’au moins une tonne de ces formations. »
Aujourd’hui, Tom se sent satisfait de sa création : « Le label marche suffisamment bien pour qu’il continue d’exister. Je vais arriver à cinq ans et c’est déjà pas mal ! », sourit-il. Il poursuit : « Je pense que les gens qui s’intéressent au garage connaissent le label. Je trouve que je touche, maintenant, un public plus large. Enfin… cela reste un petit label indépendant. »
Les labels indépendants français, qu’ils soient de garage ou autres, peuplent les Régions et Paris depuis des temps immémoriaux. Tom explique : « Il en existe un nombre incalculable. Ça va paraître Bisounours : ce qui est intéressant ce n’est pas mon label, mais ce qu’on fait collectivement. Je trouve que c’est fantastique ». Il commence à en énumérer quelques-uns : « Tu as Born Bad Records qui est la locomotive. Ensuite, Teenage Menopause Records, Frantic City Records, le Turc Mécanique… Tu as une liste longue comme mon bras, de labels qui sortent de super disques. » Ils ont tous un point commun : « Ils ont la même économie que moi. Ils ne vendent pas énormément de disques mais suffisamment pour en sortir d’autres. » Il continue son éloge : « En France, nous avons de très bon groupes mais aussi une scène indé très structurée. Puis il y a des festivals, des médias qui s’intéressent à ce qu’on produit. On arrive à vivre à petite échelle. Je suis content qu’ils existent car tout seul, je n’y arriverais pas. Je n’aurais pas eu le poids nécessaire pour faciliter la découverte de cette scène. »
Tom est attaché à un projet d’un festival regroupant tout ce monde. L’idée vient de Vince de chez Freaky Loud Things, un promoteur de concerts indépendants. Dans la tête de Tom cogite une autre idée : « J’ai envie de créer une union pour montrer aux gens que nous n’existons séparément. Mais qu’il y a une vraie scène garage française qui est au top. »
On termine notre rencontre par une succulente définition du garage par Tom : « C’est un genre musical très influencé et très référencé. Ce n’est pas un poids, ni passéiste. Un mec comme Ty Segall, il s’est nourri d’influences. Tu trouves des sons qui appartiennent aux sixties-seventies, au grunge et au punk. Cependant ils mélangent le tout pour en modeler une mélodie nouvelle. Je pense que dans l’ADN de la musique, il existe ce besoin de recycler les styles. C’est ce que j’aime, créer de la modernité avec un héritage digéré… »
Thomas Monot
Le site d’Howlin’ Banana Records