Hamilton Leithauser + Rostam sortent I Had Dream That You Were Mine cette semaine (23 septembre). Songazine a eu l’occasion de rencontrer les deux artistes à Paris.
L’histoire de ce projet remonte à 2008, à Atlanta, où Vampire Weekend (Rostam) joue la première partie de The Walkmen (Hamilton Leithauser) : « Ce qui est amusant c’est que nous venons de la même ville (Washington) mais nous avons eu chacun une carrière différente. A cette époque nous jouons plusieurs concerts ensemble mais sans véritablement se connaître, » commente Hamilton.
En 2012, le chanteur guitariste de The Walkmen projette de démarrer une carrière solo avec à la clé un premier album (Black Hours, 2014). Les liens entre Hamilton et Rostam se resserrent de plus en plus : « C’est vraiment à cette période que nous avons pu travailler ensemble. Un jour, je lui ai demandé de collaborer avec moi pour mon futur album. Il a accepté et a prêté sa voix sur plusieurs de mes chansons comme I Retired. » De démos en démos, les deux artistes vont créer les prémices de la première chanson d’I Had A Dream That You Were Mine : 1959. Nous y reviendrons plus tard.
De nombreuses personnes les comparent au couple Brian Eno / David Byrne et leur album My Life In The Bush of Ghosts (1981). « Les gens parlant de nous, nous confrontent avec ces deux artistes. Certes il y a ce lien producteur et son artiste mais en ce qui concerne la musique, ce n’est pas du tout la même came, » sourit Hamilton.
Enregistré en Juillet 2014 et Février 2016, l’album s’est construit entre Los Angeles (Rostam) et New York (Hamilton). Leithauser se souvient : « Cela a pris beaucoup de temps car nous avions chacun des emplois du temps chargés. Cependant nous avons réussi à structurer l’oeuvre avec des échanges de mails, parfois nous arrivions à nous voir au studio de Rostam à L.A.. Je crois que je totalise dix aller-retours entre New York et Los Angeles. »
Les deux musiciens nous expliquent comment ils créent leurs chansons, Rostam commence : « Nous sommes tous les deux, les cerveaux. Il n’y a pas un au-dessus de l’autre pour composer »… Hamilton coupe : « Tout à fait, c’est de cette façon qu’on travaille. Je pose les bases musicales et Rostam apporte les vocalises. Nous sommes vraiment complémentaires, » puis le chanteur de Vampire Weekend conclut : « Nous fonctionnons à la manière du rap. L’un pose le beat puis l’autre amène le chant. L’enregistrement s’est fait de façon très spontanée. »
L’univers musical d’I Had Dream That You Were Mine est un mélange d’influences des débuts du rock et du folk, c’est à dire, la période entre les fifties et sixites avec une petite touche de moderne. On y perçoit une mélodie élégante d’où émane une douce mélancolie. Hamilton nous explique sa façon de s’inspirer : » Quand je commence à écrire les paroles, j’essaye de me focaliser sur nos vies de tous les jours. J’aime que chacune de nos chansons soit une nouvelle sur des expériences vécues pour que l’album se présente comme un recueil, » Rostam ajoute, » La chanson doit être une image, une sorte de peinture qui raconte une histoire. »
François Truffaut & Leonard Cohen
Allons plus près, dans les chansons. On commence avec 1959, Rostam nous parle de ses secrets : « Le titre est un hommage à un de mes films préférés qui est justement tourné à Paris, Les Quatre Cents Coups de François Truffaut, sorti la même année que la date du titre. J’adore toute cette période du cinéma français qu’on appelle Nouvelle Vague. Puis cette belle voix que tu entends et celle de Angel Deradoorian. J’apprécie cette idée qu’un duo chante plein de parties différentes dans le titre plutôt que d’être en compétition avec l’autre en chantant en même temps. »
Rough Going (I won’t Let Up) est un excellent morceau avec cette session de saxophone au top, Rostam : « Il se nomme Joe Santa Maria. C’est un rêve de dix ans qui est devenu réalité. Réussir à mettre un saxophone pendant que Hamilton joue. La manière dont nous avons pris contact est amusante. Nous avions une bonne semaine de travail au studio pour fêter l’avancement nous avons commencé à prendre quelques verres. Puis, à un moment j’ai appelé ce saxophoniste que je ne connaissais pas avant pour faire une surprise à Hamilton. Le gars se pointe et nous avons produit de la musique toute la nuit. Parfois, la gueule de bois peut-être une source d’inspiration. »
Enfin, nous terminons par deux chansons : In A Black Out et Peaceful Morning. Elles ont la particularité de ressembler à la musique d’une des idoles d’Hamilton : « Leonard Cohen. Ces deux titres sont très influencés par cet homme. Je l’écoute depuis mon adolescence. J’ai essayé toute ma vie de pouvoir faire des chansons comme lui et je crois que j’ai réussi à trouver l’occasion de le faire. In A Black Out est un morceau que j’ai écrit lors de ma période Heaven (album de The Walkmen), mais problème, je n’arrivais pas à la placer car je ne trouvais aucun sens avec ce genre de musique qu’on faisait. »
Thomas Monot
Bonus lien :
A 1000 Times