« C’est pas tous les jours que je joue sur un bateau! » lance Emily, à peine arrivée sur scène.
La salle semble étroite, toute en longueur, agréable. La Deûle s’écoule à hauteur de hublots. Dès 8 heures, les trentenaires arrivent au compte goutte et patientent, un verre d’Abbaye de Lille à la main.
Le 31 mars est l’une des dernières soirées du festival Les femmes s’en mêlent. La dix-neuvième édition, comme de coutume, met à l’honneur une scène féminine et indépendante.
Tout commence par un air d’alto, suivi d’une batterie sourde. La musique prend son temps et s’installe dans une lumière bleue. Emily Wells , seule, assure tous les instruments. Violon, percussions, clavier, voix… Les parties s’enregistrent sur un sampler et elle compose son live, en live.
Derrière elle, un écran diffuse des chorégraphies de Pina Bausch.
La musique est irréprochable, le personnage a de la saveur. L’américaine maîtrise sa voix à la perfection. Accents rauques à la Patti Smith ou chants plus lyriques : dans son t-shirt blanc informe, elle dégage une féminité brute. Une énergie très rock’n roll, qu’on verrait bien accompagnée de quelques musiciens pour la révéler.
Mais, micro et instruments forment une barrière qui l’isole du public. La petite foule ne fait qu’onduler vaguement d’un pied sur l’autre, elle ne se déride que lorsque la demoiselle prend le micro à deux mains pour danser, enfin libre, une chanson avant la fin du spectacle. La femme-orchestre aurait pourtant fait une excellent frontwoman. Le léger goût d’inachevé tient à l’absence de jeu de scène. Nous sommes témoins, sans vraiment participer à la musique.
Le show atteint donc difficilement la hauteur de la musique, qu’on savourerait plutôt dans son canapé. Avec de très bonnes enceintes.
Pour la découvrir, une chanson « about friendship, whisky and Jesus » : Don’t use me up.