Le Point Éphémère, Paris…
Torre Florim est le chanteur-guitariste charismatique du groupe hollandais De Staat. Son groupe vient de sortir un nouvel album avec comme nom « O ». Dans cette œuvre rock, on trouve une fougue et une énergie qui vous donnent une petite tape aux fesses. Après avoir ri sur ce que procure son album, Torre nous en explique la provenance : « Elle ne vient pas de l’extérieur. C’est une force qu’on puise au plus profond de nous-mêmes et qu’on expulse à chaque concert, à chaque session. C’est une énergie naturelle. L’adrénaline est notre drogue ! »
A l’écoute, Songazine avait trouvé que leur mélodie sonnait très « live ». Le chanteur avance qu’ils sont plus à l’aise en studio : « On préfère, nous sommes tout seuls dans un énorme calme fou. Nous sommes un peu fous-fous, excités, on se libère et ce n’est jamais ennuyeux. Sur scène, ce n’est pas si confortable car tu as souvent des contraintes, puis, parfois tu peux avoir le trac. Cependant, on apprécie d’être au contact avec notre public, ce qui rend le moment plus agréable. Au final, on se sent à l’aise dans les deux mais à différentes échelles. »
Dans leurs délirantes chansons se trouvent des thèmes sérieux. Torre nous en donne l’essentiel : « l’album tourne autour de cette routine de notre vie réelle. L’impression d’être coincés dans une sorte de boucle où on répète à chaque fois les mêmes mouvements chaque jour, d’où le fameux « O », dessiné sur la pochette de l’album. » Pour aller plus loin, on y retrouve aussi le sujet sur notre dépendance envers nos écrans : « On en parle surtout sur Get On Screen. C’est une chanson sur le sentiment de soumission à ton écran, au quotidien. Puis si tu lâches ton ordinateur cinq minutes et que tu bouges, tu es presque déboussolé, comme si tu redécouvrais un autre monde. » Il en conclut : « Pour autant, on ne veut pas guerroyer contre tous les réseaux sociaux, car on ne pourrait exister sans eux. C’est juste qu’on déteste cette course au « like ». En fait, nous les aimons mais nous les détestons en même temps. »
She’s With Me, la dernière chanson, se différencie par sa mélodie calme et intime. « Elle tient très bien sa place de l’ultime morceau. Elle permet de se reposer avant de recommencer à s’extasier de nouveau. Elle appartient à un tout, à un cycle. » Il poursuit sur son origine : « Le titre a été écrit, il y a déjà cinq ans. Elle aborde le thème de la perte de quelqu’un ou de quelque chose. »
De Staat sont connus pour leurs monstrueux et délirants clips. Le dernier qu’on retient est celui de Peptalk, où de nombreuses personnes se sont reconnues. Voici son histoire : « Nous avons du recréer une véritable fin de soirée chez moi. Rocco, notre claviériste, est le gars qui danse tout le temps en soirée. Dans la vraie vie, il est un véritable danseur. Il est le gars qui a toujours la patate à 5 heures du matin. Lui, il va te balancer encore de la musique et continuer à gesticuler. Puis, moi, je suis toujours le mec qui va descendre en peignoir et va dire aux invités de dégager. La vidéo reflète complètement la réalité. »
Witch Doctor est un morceau qui figure sur l’album précédent, I Con, sorti en 2013. Le titre possède une vidéo qui a permis à Songazine de les connaître. Elle est complètement dingue et on l’aime. Torre raconte : « C’était au Studio Smack. J’étais tout seul avec un fond vert. Les autres gars autour de moi ont été créés numériquement. Les gars l’ont réalisé sur plusieurs mois, alors que nous l’avons enregistrée en une journée. Imagine le boulot ! » Pour information, Elle a remporté le Grand Prix du Holland Animation Film Festival 2016.
Torre nous raconte ce qu’il a réalisé de plus fou dans sa vie : « Je crois que c’est de reproduire en concert ce que je joue dans la vidéo Witch Doctor, avec des vrais personnes. C’est complètement délire ! » Il se remémore sa première fois : « Ce n’était pas si longtemps que ça, en janvier dernier, nous étions chez nous, à Nimègue, au Doornroosje. Elle est toujours notre dernière chanson sur scène. Puis, j’ai décidé d’innover, de finir en apothéose le concert. Je t’avoue que j’avais un peu peur de me péter une dent. Juste avant, je demande à mes acolytes « Vous croyez que ça va le faire ? » et ils m’ont répondu : « Vas-y, lance toi mec ! ». Du coup j’ai sauté dans le public, c’était dingue ! J’ai pris goût et depuis je le recommence à chaque show ».
L’auteur de cet article, était présent lors de leur représentation à Paris. Il vous avouera que la danse du Witch Doctor est sacrément épique et démente. Regardez ce que vous avez manqué, ici. Enfin on termine par un mot de la fin de De Staat, en français : « Fin ».
Thomas Monot
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