Zappant sur Youtube, de fil en aiguille et de souvenir en souvenir, je me retrouve face à Rachid Taha en train de chanter Rock the Casbah, et là mon gros paquet de souvenirs liés à The Clash m’est remonté d’un coup. Comme ça, devant un écran, j’étais scotché à mon siège et j’ai eu une furieuse envie d’écrire quelque chose, là tout de suite.
Putain, j’en ai eu la gorge serrée et j’avais à la fois envie de rire et de pleurer ; non mais The Clash, les amis, quelle force et quelle épopée. Regardez leur discographie à nouveau, réécoutez tout, c’est puissant. Ceux qui ne connaissent pas ? Foncez dans le tas (une poignée de disques monumentaux).
Un machin tellement énorme, que j’avais mis en veille (je l’avoue) sous des tonnes d’autres choses depuis. Mais tu soulèves la couverture et dessous, il y a toujours une centrale nucléaire qui peut irradier encore 10000 ans sans effort. C’est …The Clash, pffff. Yes.
OK je les ai vus en concert à Paris comme à Brixton, OK j’ai tous les disques, OK je me damnerai pour écrire une chanson comme London Calling, OK je serai un vieux keupon jusqu’au funérarium.
Mais The Clash, man ? C’est comme parler d’un 747 pour les avions, d’un tigre si on cause bébêtes, d’une F1 en matière de bagnoles. Tu ne peux pas rester devant sans tirer ton chapeau. D’ailleurs, il est déjà tombé quand ils arrivent face à toi… (The Clash, le 747, le tigre et la F1).
Le côté poing levé et riot in Thatcher’s England, la rage urgentissime du début bien sûr, mais surtout cette noblesse de cœur et aventure humaine qui a été leur moteur jusqu’à l’implosion. Ces types avaient à la fois du charisme, du style et des convictions puissantes. Ils étaient beaux et bien sapés ET leurs paroles résonnaient avec une musique pertinente. The right guys at the right time.
Urgents, dangereux, imitables et tentants.
Ajoutez à cela une véritable alchimie « de groupe » et une ouverture d’esprit qui les a fait évoluer très vite. Ils ont couvert un spectre large, punk énervé, dub et du reggae, rock fort ou doux, trucs bizarres et même un peu rap. Une de leurs grandes forces : changer et avancer vite, fort, loin.
Qu’est-ce qui a changé, nom d’un chien, pour que le marketing, et l’Alzheimer du 2.0 ne nous produisent plus des groupes aussi mémorables et qui laissent autant de traces dans les cœurs et les cerveaux ? Est-ce moi qui tombe dans une nostalgie un peu ringarde ou que l’époque manque terriblement de bonshommes de la trempe d’un Joe Strummer ou d’un Mick Jones ? Les deux à la fois ?
Je ne me poserai pas en juge absolu des convenances et des esthétiques mais je peux dire une chose : The Clash avaient de la gueule et ça on ne l’oubliera pas.
Ça m’a fait du bien d’écrire ces lignes sur eux, je suis fier de les avoir vus chanter comme d’écouter encore leurs chansons. Je me battrai encore pour partager ce qu’ils ont produit.
Ça vaut le coup, bordel.
Jérôme « straight to hell » V.