Lorsque débute le week-end pascal, on se dit qu’on aura forcément le bonheur de voir dans les yeux des générations futures, l’excitation et le bonheur à traquer ces satanés œufs en chocolat jusque dans la plus retorse des cachettes qu’offre le jardin.
On se dit aussi, en consultant robotiquement sa boîte mail remplie de messages à orientation commerciale, dont on ne sait pourquoi ils vous arrivent si nombreux, qu’il y en aura peut-être un qui ravira ce week-end prolongé.
Et, by Jove, c’est exactement ce qui se passe lorsqu’un message en provenance du label Howlin Banana retient mon attention. Il m’invite à écouter ‘’le second album des Bootchy Temple, groupe bordelais, intitulé ‘’Childish Bazar’’, à paraître le 5 mai prochain. Une nouvelle signature, quintet pop psyché influencé par la scène ‘’Paisley Underground’’ des années 80, en gros de la pop ‘’jangly’’ à la Byrds !’’
Je sais dès cet instant qu’il faudra y porter une écoute particulière tant le boss du label Tom Picton a le goût sûr et sait dénicher des perles incroyables (The Madcaps, Gloria, Kaviar Special, Volage, Sapin,…).
‘’Paisley Underground’’ désigne le mouvement (très sous-estimé) post punk-rock, apparu à L.A. au milieu des années 80, très influencé par la musique indie pop néo-psychédélique de la fin des années 60.
Les fleurons de cette scène outre-Atlantique ont pour nom Rain Parade (je ne saurais trop vous recommander l’écoute de ‘’Explosions In The Glass Palace’’), The Dream Syndicate, Green On Red, The Long Ryders, Three O’Clock, le girl-band The Bangles et True West et, outre-Manche, Revolving Paint Dreams, Biff, Bang, Pow et The Chesterfields.
Je ne sais pas si cela est dû à un récent séjour dans la région Nouvelle-Aquitaine, sur les sublimes plages des Landes battues par les vents d’Ouest, au contact des vagues furieuses et de la houle, mais décidément, le Sud-Ouest me poursuit en ce moment. Et me réussit bien, je trouve.
Tout cela se confirme dès la première écoute de ‘’Childish Bazar’’ car force est de constater que ces Bootchy Temple, dont la décence m’interdit ici de vous donner une traduction précise, composent des mélodies à la cool sacrément habiles et immédiatement accrocheuses.
Le son, entre garage et psyché, est produit par de riches parties de guitare. Les 12 morceaux de l’album sont courts et directs, n’excédant pas 2’45’’ en moyenne, avec de subtils arrangements fort bien léchés.
On retiendra notamment l’introductif ‘’Once In A While’’ pour une douce entrée en matière ‘’au calme’’.
Les distorsions sonores de ‘’Empty Field’’ nous rappellent bien vite que le son garage n’est jamais très éloigné.
Viennent ensuite l’éolienne ‘’The Flying Woman and Her Secret Pact With The Wind’’, puis le single ‘’Space Bubble’’, étoile filante, titre pressé mais jamais empesé, tonique et aérien, au refrain et aux sons de guitares répétitifs.
‘’No One’s Face’’, titre country-folk joué mid-tempo, fait redescendre la pression.
‘’Shake Shake Shake’’ (fulgurance remuante) et ‘’A Sad Flower In The Sand’’ (mélodieuse à souhait) précèdent la ballade ensoleillée ‘’Down River’’, qui coule dans une quiétude insouciante, illustrant à merveille les propos de Michael Hann dans les colonnes de The Guardian (article du 16 mai 2013) : ‘’Quand le mouvement grunge de Seattle avait la pluie, l’héroïne et les médisances, le mouvement Paisley Underground avait l’ensoleillement, les hamburgers et l’amitié’’.
En résumé, ‘’Childish bazar’’ est un album très consistant. Les Bootchy Temple auront hérité de leurs illustres aînés les Byrds une certaine élégance et un don évident pour les belles mélodies pop qui ensoleillent la vie.
L’écoute de ce disque apporte mil félicités. On y ressort avec un vrai contentement intérieur.
On s’évade en marchant sur le littoral de la Nouvelle-Aquitaine et on nage en plein bonheur.
A l’instar de la ‘’femme volante et son pacte secret avec le dieu Eole’’, on est au septième ciel ou ‘’on cloud nine’’ comme le diraient nos amis Brittons.
Signalons enfin à l’attention des lecteurs sensibles à l’artwork coloré, la jolie pochette créée par Inaniel Swims aka Emmanuel Dupont, artiste caennais protéiforme, membre du groupe Sorry Sorrow Swims, vidéaste, créateur d’affiches et dessinateur de comics.
Alechinsky.
Line-Up : Martinez Martinez (chant, guitare, synthé, mandoline), Paul Trigoulet (guitare, chant, sitar, effets), Luc Martin (émeoaerosagophile, basse, bouzouki), Sam Roux (guitare, chant, orgue, percussions) et Lucas Monnereau (batterie, poum poum tchack). Mastering : Stéphane Gillet.
Discographie : ‘’The Gardener Sleeps In His Golden Bed’’ (Bongbastic Records, 10/2015), ‘’Childish Bazar’’ (Howlin Banana/Hellzapoppin Records, 05/2017).
Programmation concerts : 4/05 Orléans @5ème Avenue, 5/05 Paris Release Party @La Mécanique Ondulatoire, 6/05 Rennes @Bar Le Dejazey, 7/05 Brest @Ferme de Kergariou, 8/05 Nantes @Café de la Ribine.