Sujet sur lequel j’ai maintes fois usé mes deux index, frappant sur un clavier AZERTY : le débat sans fin sur l’excellence artistique vs. l’excellence démocratique.
Débat dans lequel, je suis buté, acharné, bloqué, dissous dans mon point de vue comme inoxydable, telle une motte de beurre dans un bon kouign-amann. Je soutiens mordicus qu’il faut se battre pour la première (l’artistique) jusqu’à la fin de la tranchée sous les bombes, avant d’être engloutis par l’autotune, la vulgarité, les marques de chaussures fabriquées par des petits enfants et les sodas énergétiques et trop sucrés.
Ce qui signifie que Songazine s’acharnera à défendre la musique pointue, difficile, bizarre, rare, décalée mais, ô Muse, si belle, si belle ! J’ajoute que la vile déesse Dollar et son fourbe sbire Marketing sont à montrer du doigt : ils se démènent pour s’assurer que des containers entiers de daube soient fourgués dans les supermarchés et en streaming entre les tympans des peuples du monde, de Cajarc * (Lot) à Neligh ** (Nebraska) en passant par La Valette *** (Malte).
Cependant l’Histoire veille et l’on rappellera des 300 spartiates qui ont foutu une rouste à 300.000 perses, quitte à finir criblés de flèches. Être un héros ça coûte cher, me rappelle-t-on via What’s App (le groupe « we love Ian Curtis »).
Becca Mancari n’est pas Ian Curtis, ne ressemble pas à un spartiate, ne connaît pas le kouign-amann (quoique ?) mais est une jeune chanteuse à la voix d’un ange.
J’ai bien peur qu’on ne l’entende guère dans des supermarchés (ouf quand même), ni à Cajarc, ni à Neligh (Nebraska), mais vous, lecteurs assidus à l’esprit fin, vous avez ici une chance de découvrir son tout dernier album « The Greatest Part ». Cette chanteuse nord-américaine nous offre de petits bijoux sonores, émouvants et frais. De la belle ouvrage, pétrie de sentiments et d’intention, qui justement la place assez haut -de mon point de vue- dans la catégorie « excellence artistique ». Subjectivité assumée par l’auteur de ces lignes, qui prétendra à au moins une qualité : avoir du nez et reconnaître les jolies choses qu’il a l’occasion d’écouter.
Ai-je tort ? Suis-je trop partisan de certains genres ou styles musicaux ? Je réponds, comme le chef des spartiates « μολὼν λαϐέ » / molṑn labé), à qui l’on proposait de rendre ses armes, ce qui signifie : viens (les) prendre !
Il me semble alors fondé de de soutenir avec énergie Becca Mancari, elle qui m’a procuré une émotion artistique, forte, originale et durable (facteurs clefs de cette fameuse catégorie d’excellence que je défends !)
Déesse Dollar et sbire Marketing, vous n’aidez pas trop Becca Mancari, mais en fait, tant mieux, il est en général prouvé qu’on n’est pas super nombreux dans la Résistance.
Et ça, c’est mathématiquement démontré, non ?
Jérôme « hunter and hunted » V.
(* et ** et *** j’ai visité les 3 endroits, c’est pas mal)