Yan-Wagner

Le vrai coup de jus, les doigts dans la prise, je l’avais pris avec Blue Monday de New Order. L’autorisation officielle de danser comme un dingue, sur la musique de congélateur qu’on écoutait jusque-là tout seul, sur sa platine, voire avec un seul pote initié pour débattre sans fin des paroles. Et là ? Sauter partout en gardant une tronche de décavé, la raideur et le swing combinés : libération inconditionnelle de nos sentiments distingués.

Bien sûr, on s’est trémoussés sur Depeche Mode, Human League, OMD, et tous ceux qui avaient fait briller les synthés et puis aussi mis les coups de caisse claire sur les temps 5 et 13, ces coups de caisse claire souvent doublés par des « handclaps ». Sans oublier le rim-shot dans les mesures intermédiaires.

Mais Blue Monday, ce n’était pas pareil. Vu le passé du groupe, on va dire que c’était comme une italienne en deuil dans le cimetière de Gênes qui aurait soudain jeté son fichu et lâché ses cheveux, tout à coup comme ça, toujours aussi belle et douloureuse, mais soudain pleine de vie, signifiant que l’on pouvait aussi sourire après les larmes. Dans cette veine d’omelette norvégienne, du glacial mélangé au brûlant, du demi-deuil sur le dancefloor, j’ai découvert Yan Wagner.

Cher Yan Wagner, j’ai écouté votre musique magnifique et vous me faites penser à l’esprit Blue Monday, c’est humain, subjectif et tout à fait laudatif. Quelqu’un qui intitule une chanson 48 hours, est forcément notre ami dans la galaxie des adorateurs de Manchester. Belle voix grave, posée et parfaitement en phase avec le marbre des temples polyphoniques de ces accords en « nappes » posés avec fièvre sur le clavier d’un Juno 106 ou d’un Jupiter 8.

Un disque produit par le grand Arnaud Rebotini, des amitiés avec le talentueux la Mverte, voici d’autres indices qui sont des marqueurs de classe et d’élégance. Amis de la new wave, aficionados des parquets sobres mais qui swinguent, fous des nuits blanches et des disques noirs, écoutez ses productions (ici). Partagez, passez et faites-en réclame à voix basse. Car ceux qui ont eu le cœur à jamais court-circuité par New Order sont aussi des grands sentimentaux, mais sobres. Comme avait dit (je crois) Patton à son épouse le jour de son mariage : « Madame, je vous aime, tenez-vous le pour dit ». On ne va pas se mettre à délirer comme des kikous LOL, quand même.

How does it feel, when you treat me like you do ?

Jérôme « vanished » V.

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