ENGLISH VERSION BELOW

Crédit photos Grégory Hernandez | gérard drouot productions s.a.s.

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Le 2 novembre 2025, le Zénith de Paris s’est transformé en chaudron.

Trois coups de feu, trois générations, trois visages d’un même démon : Witch Fever, Bush et Volbeat, dont nous sommes fans. La nuit s’est chargée d’électricité, et le rock, ce vieux messie cabossé, y a retrouvé un peu de sa ferveur primitive.

Witch Fever : le baptême des braises

Premières sur l’autel, les Anglaises de Witch Fever ont ouvert la cérémonie nocturne. Leur rock saturé, rageur, pèse chaque note comme un coup de poing. Amy Walpole, voix d’incendie et regard d’orage, chante comme on conjure les fantômes. Le public, d’abord surpris par cette intensité à vif, finit par comprendre : ce n’est pas une mise en bouche, mais un exorcisme. En trente minutes, le quatuor mancunien a retourné les ombres et préparé le terrain pour la suite du sabbat.

Bush : la mue du fauve

Puis Bush a pris possession de la scène du Zénith, avec la classe tranquille des vétérans qui n’ont plus rien à prouver. Gavin Rossdale, silhouette toujours féline, saute dans la fosse comme s’il refusait de vieillir. Sa voix, râpeuse et chaude, ranime les braises des années 90 sans tomber dans la nostalgie. Machinehead rugit encore, Come Together fait frissonner la salle entière : c’est le rock anglais dans sa plus pure verticalité, tendu, charnel, sans artifice. On croit revoir les fantômes de Brixton danser sur les gradins.

Volbeat : les forgerons de l’enfer

Quand le rideau tombe et que retentit The Devil’s Bleeding Crown, on comprend que Volbeat entre en scène comme d’autres entrent sur un ring. Michael Poulsen, chemise noire et sourire de pirate, manie sa guitare comme une arme et une prière. Entre rockabilly, heavy metal et riffs au piment chaud, le groupe déroule un set de 17 titres sans respiration : Lola Montez en héroïne flamboyante, Seal the Deal en sermon païen, Still Counting en bénédiction finale.
Le public, dense et fervent, connaît chaque ligne, chaque break, chaque cri. Le Zénith devient cathédrale électrique, où les amplis servent d’encensoirs et la fosse d’autel vivant. Les refrains fusent, les bras s’élèvent : c’est un exorcisme collectif, une messe de décibels.

 

Entre deux morceaux, Poulsen s’amuse, lance quelques mots en français, sourit comme un gamin qui aurait volé le feu. Le groupe, soudé comme une enclume, respire la joie brute du live — celle qui n’a besoin ni d’effets spéciaux ni de grandiloquence pour faire chavirer une salle entière.

Épilogue d’un sabbat

À 22h35, les dernières notes s’éteignent sur A Warrior’s Call. Le silence qui suit possède la texture d’un souffle coupé. Le public, trempé, heureux, sait qu’il vient d’assister à plus qu’un concert : une cérémonie.
Ce soir-là, Volbeat n’a pas seulement prêché pour sa paroisse ; il a rappelé que le rock, lorsqu’il est vrai, peut encore parler aux dieux, aux morts et aux vivants.
Et dans le vacarme, il restait cette évidence : à Paris, le diable a toujours bon goût.

Jérôme « not dizzy at all” V.

ENGLISH VERSION

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Volbeat in Paris: The Devil in Their Veins

On November 2, 2025, the Zénith in Paris turned into a boiling cauldron.
Three shots fired, three generations, three faces of the same demon: Witch Fever, Bush, and Volbeat — and yes, we’re fans. The night crackled with electricity, and rock, that battered old messiah, found once again a taste of its primal fire.

Witch Fever: Baptized by Flames

First on the altar, Manchester’s Witch Fever opened the nocturnal ceremony. Their dense, furious rock lands each note like a punch to the gut. Amy Walpole — voice on fire, eyes like a storm — sings as if summoning ghosts. The audience, at first stunned by such raw intensity, quickly understands: this isn’t a warm-up, it’s an exorcism. In thirty fierce minutes, the quartet turned shadows inside out and laid the groundwork for the night’s ritual.

Bush: The Beast Reborn

Then came Bush, taking over the stage with the calm confidence of veterans who have nothing left to prove. Gavin Rossdale — still feline, still defiant — dives into the crowd as if refusing the laws of time. His voice, gritty and warm, rekindles the embers of the ’90s without sinking into nostalgia. Machinehead still roars, Come Together sends shivers across the hall — British rock in its purest stance: taut, physical, unvarnished. For a moment, you could almost see the ghosts of Brixton dancing in the rafters.

Volbeat: Forged in Hellfire

When the curtain falls and The Devil’s Bleeding Crown erupts, it’s clear that Volbeat are stepping onto the stage the way others step into a ring. Michael Poulsen — black shirt, pirate grin — wields his guitar like both weapon and prayer. Between rockabilly swagger, heavy-metal muscle and chili-hot riffs, the band unleashes a relentless 17-song set: Lola Montez blazing like a heroine of old, Seal the Deal turned into a pagan sermon, Still Counting closing as a final benediction.

The crowd, packed and fervent, knows every lyric, every break, every scream. The Zénith becomes an electric cathedral, amplifiers swinging like censers and the pit transformed into a living altar. Choruses soar, arms rise — a collective exorcism, a mass of decibels.

 

Between songs, Poulsen jokes, drops a few words in French, and grins like a kid who’s just stolen fire. The band, tight as hammered steel, radiates that raw joy only true live music can conjure — no pyrotechnics, no gimmicks, just sweat and communion.

Epilogue of a Sabbath

At 10:35 p.m., A Warrior’s Call closes the ceremony. The silence that follows has the texture of a held breath. The audience, drenched and elated, knows they’ve witnessed more than a concert — a ritual.

That night, Volbeat didn’t just preach to the converted; they reminded everyone that when rock is real, it still speaks to gods, ghosts, and the living alike.
And amid the glorious noise, one truth lingered: in Paris, the devil still has excellent taste.

Jérôme “not dizzy at all” V.

 

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