A quoi qu’on sert ?
On sert à divertir, on sert à émouvoir, on sert à semer des graines d’idées dans les têtes, qui pousseront d’autant plus si elles sont régulièrement arrosées. On peut donc cerner les cons. Sans vouloir nous vanter, on aide à construire des personnalités. On a le pouvoir de calmer ou d’exciter. On sert à faire rire, on sert à embellir la vie de tous ceux qui prendront le temps de venir nous voir. On créé des rencontres. Bref, on est essentiels pour une grosse partie de la population. Mais – il ne faut pas l’oublier – on sert aussi à faire vivre des millions de personnes : des artistes, mais aussi des techniciens, des producteurs, des tourneurs, des attachés de presse, et encore tout un tas de métiers !

(Parfaite illustration de mon paragraphe, Clarika est la dernière artiste à m’avoir fait pleurer deux fois en concert)

Qui est ce que ça concert-ne ?
Les bébés, les jeunes enfants, les adolescents, les jeunes adultes, les adultes, les retraités, les hommes, les femmes, les cousins, les cousines, les oncles, les tantes, emmène aussi ton chien si ça te chante. C’est pour tout le monde. Et ça en réunit, du monde. Ça en unit, surtout. Alors, on devrait tous se sentir concert-nés par ce silence.  Parce qu’on veut du son, des paroles, des instrus à gogo, pas du silence ! (mais pas du pipeau non plus !).


Pourquoi est-ce qu’on nous (spec)tacle ainsi ?
On aimerait bien le savoir.
On aimerait comprendre la différence entre 200 personnes assises sur des chaises avec un masque qui se délectent d’un spectacle, de 9000 personnes assises sur des chaises avec un masque (mais attention, séparées par groupes de 3000 par des plexiglass !) qui se délectent d’un autre genre de spectacle.
On aimerait bien comprendre comment on peut contaminer notre main gauche avec notre main droite en applaudissant. On aimerait bien comprendre pourquoi le COVID-19 circule plus vite quand on est émus aux larmes.
On aimerait comprendre tout ça, et on aimerait aussi bien faire remarquer à notre copine Roselyne, comme ça, au passage, (parce qu’on l’aime bien nous, hein, Roselyne… ), que « Spectacles », c’est l’anagramme de « acceptés ».

De la chanson dans l’air
Et puis on l’a tous bien compris, que ce virus est véhiculé par l’air qu’on respire. Mais nous, ce qu’on voudrait, c’est en chanter, des airs. Tous ensemble. Et dans cette puissance magique enchanteresque, faire s’envoler le R de concert et le faire retomber une lettre plus tôt. Juste cet R air-là. Pour que ça redevienne concret.


Grosses salles, festivals… Quand est-ce qu’on se serre ?
Bientôt, on espère. Bientôt.

Violette Dubreuil

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