- SPENCER P. JONES, LÉGENDE AUSTRALE (PART 1)
- DANS SPENCER, IL Y A DE LA MAGIE (PART 2)
- ANECDOTES CHOISIES (PART 4)
- HÉRITAGE ET VIDE BÉANT (PART 3)
Annus Horribilis.
La scène rock underground australienne aura payé un lourd tribut en 2018 : le légendaire guitariste et songwriter Spencer Patrick Jones vient de disparaître à l’âge de 61 ans, des suites d’un cancer au foie diagnostiqué incurable au mois de juin dernier. Cette disparition survenant après celle, le 20 avril dernier, d’un autre très grand, Brian Henry Hooper, bassiste des Beasts Of Bourbon depuis 1990.
Originaire de Te Awamutu en Nouvelle-Zélande (île du Nord), ‘’SPJ’’ arrive en Australie en 1976, à l’âge de 20 ans. En 1978, Spencer déménage à Melbourne et joue dans plusieurs groupes : The Emotional Retards, Cuban Heels, Olympic Sideburns, Country Killed et North 2 Alaskans.
Après avoir déménagé à Sydney, SPJ rejoint en mars 1983 The Johnnys, un cow punk band, sortes de Ramones australiens. Seb Blanchais, boss du label rennais Beast Records, se souvient : ‘’Je les ai vus jouer à la Salle de la Cité à Rennes (NDLR : le 12 mai 1990) devant 2000 personnes. J’avais 20 ans et j’étais fan des New York Dolls. J’avais pris une bonne taloche ce soir-là, ça jouait chaudard’’.
A cette époque, Spencer est un protagoniste de la communauté musicale de Surry Hills d’où émaneront les Beasts Of Bourbon, qu’il rejoint en août 1983. Patrick Emery, dont SPJ accepta qu’il devienne son biographe officiel à la fin de 2014, témoigne : ‘’Tex Perkins était la figure de proue des Beasts, Kim Salmon la présence artistique intense, James Baker le lien charismatique avec les origines troglodytiques du rock. Mais Spencer était toujours le ‘’cœur battant’’ des Beasts’’.
‘’Il y avait une alchimie incroyable dans ce groupe’’ précise Seb Blanchais, ‘’même s’il pouvait y avoir des guerres d’égo parfois. Avec la voix de Tex et les deux guitares ensemble, ce groupe est inégalé dans les idées. À la 1000ème écoute de Black Milk [certainement l’album du groupe le plus abouti, sorti en 1990], je découvre encore des choses nouvelles. Ce groupe n’a sûrement pas d’équivalent. Peut-être les Stones à l’époque de Taylor et Richards’’.
Il poursuit : ‘’Après une tournée des Digger and the Pussycats en Europe, on est devenus potes avec Andy Moore (chant, guitare, batterie). C’était en 2005. J’écoutais à fond les Beasts Of Bourbon à ce moment-là. Andy m’apprend alors qu’il jouait avec SPJ en tant que batteur’’. [Pour son album Fait Accompli (2003), SPJ avait fait appel à trois groupes différents, dont The Escape Committee, composé de Helen Cattanach (basse), Phil Gionfriddo (steel guitar) et Andy Moore (batterie) – sur sept des douze titres de l’album].
‘’J’ai bien cru qu’il se foutait de moi parce que je lui avais dit juste avant que Spencer était mon héros. Une semaine après, il m’invite à voir les Beasts jouer au Azkena Rock Festival #4 [le 3 septembre 2005], j’avais loupé la tournée européenne de 1994, et je rencontre Spencer à ce moment-là. Ensuite, je suis allé quatre fois en Australie ; on se retrouvait dans la maison de James McCann, ils se connaissaient bien. On regardait des vidéos de zik et on traînait toute la nuit’’.
Tous ceux qui l’ont connu se remémorent sa personnalité chaleureuse, son charme, son amour de la musique, son sens de l’humour, sa sensibilité et sa générosité.
(À suivre)
Alechinsky.