Cet article est le numéro 4 sur 4 du dossier Spencer P. Jones

‘’Ses albums ne sont pas chiants : tu as autant de morceaux qui ramonent, d’autres qui tirent vers le sombre. Certains de ses albums étaient complètement raides, à l’image de sa vie parfois… chaotique . C’est quelqu’un qui ne s’est pas économisé, qui a frôlé la mort plusieurs fois. Mais l’équilibre est toujours parfait. Ce sont sans doute les albums les plus équilibrés qu’il n’y ait jamais eu’’.

Précisant sa pensée : ‘’Des groupes qui font du psyché, ils vont le faire du début à la fin, en ne prenant jamais le risque d’arrêter la reverb qui tourne, ce genre de choses. Lui pouvait se permettre de prendre des risques sur chaque disque, c’est vraiment ce que j’aime dans sa musique. Avec vachement de cohérence, c’est ça qui est beau. J’ai toujours essayé d’être son ambassadeur. C’est le disque qui revient, tout le temps’’.

Rares sont les journalistes à avoir mis en avant son travail au cours de ces trente dernières années. Et pourtant, SPJ est incontournable dans le paysage australien. Jon Schofield, le bassiste de Hell to Pay, le décrit comme ‘’le gentleman du rock australien’’. Poursuivant : ‘’Sa musique a touché tout le monde. Prenez tous les groupes de rock australiens qui ont compté au cours des trois dernières décennies et vous comprendrez l’influence de Spencer pour chacune de ces formations. Sortez Spencer P. Jones de la musique australienne au cours des 40 dernières années et vous vous retrouvez avec un vide béant’’.

Alors qu’il était devenu un ‘’ancien du rock’nroll’’, Spencer était toujours en train d’explorer, de se nourrir de nouvelles musiques. ‘’Son amour de la musique et sa curiosité étaient telles qu’il ne ratait jamais une première partie, quelle que soit la qualité des groupes, quitte à écourter son repas’’, précise Seb Blanchais. ‘’Avant que les Drones ne deviennent mondialement connus, il faisait certainement partie des cinquante premiers fans du groupe’’.

De même, il n’a eu de cesse de s’entourer et d’accompagner de jeunes musiciens, que ce soit dans son propre groupe ou en tant que producteur ou simple supporter.

Il ne s’est jamais retrouvé à jouer avec un groupe de quarantenaires.

Helen Cattanach (Moler, Los Dominados), qui a commencé à jouer avec Spencer en 2003 [Elle avait 34 ans], l’accompagnant au sein de The Escape Committee sur l’album Fait Accompli, et qui lui sera depuis restée fidèle en tant que bassiste, témoigne : ‘’Quel privilège d’avoir joué de la musique avec Spencer. Il m’a tellement appris et tellement fait rire. Nous avons eu tellement de bons moments. Peu de gens pouvaient réaliser et donner autant que ce qu’il a fait …’’.

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Dans le dernier album avec The Escape Committee [Sobering Thoughts, 2010], ‘’son guitariste a 25 ans. Quand c’est Andy Moore qui jouait, il avait 22 ans’’ se rappelle Seb Blanchais. ‘’Spencer dormait 4 à 5h par nuit, il était toujours disponible pour les autres’’.

La dernière apparition publique de Spencer a eu lieu à la fin du spectacle de Kid Congo au Croxton Park Hotel à Melbourne. Fatigué et visiblement fragile, Spencer a joué un seul morceau, Jack on Fire du Gun Club. Kid Congo a serré son ami de longue date dans ses bras et a demandé à la foule de le saluer.

Toutes nos pensées vont à sa femme Angie, son fils Alvin, sa sœur Jan et sa mère José.

Alechinsky.

 

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