Le 7 novembre 2016, Judith Owen, artiste à la renommée internationale, nous offrait le temps d’un unique concert… sur les flots… un live à la fois intimiste et jazzy. Retour sur une nuit d’exception !

En cette belle soirée, Paris frémit au rythme d’un automne hivernal. Non loin de là, sur le quai du port des Invalides, est amarré le Flow, ce bateau dont la particularité est d’abriter, en son sein, une salle de concert. Philippe Katherine, Miossec, Jeff Mills, Dune… ont su, chacun à leur tour, faire battre la mélodie à ce cœur scénique !

Cette nuit, le Flow surfera, de nouveau, sur la vague musicale. La flamboyante galloise Judith Owen s’offre une escale made in France dans le cadre de sa tournée européenne et la promotion de son tout dernier album… Somebody’s Child. Un subtil cocktail mêlant jazz, rhythm’n’blues, classique, pop et…un brin de zeste rock. Auteure-compositrice interprète à l’âme pianistique, Judith Owen avait déjà fait l’objet d’une interview, en mai dernier, pour Songazine.

Dans la salle, le brouhaha environnant cesse peu à peu. Pedro Segundo, célèbre percussionniste et batteur portugais accompagné du légendaire bassiste américain et musicien de studio Leland Sklar (The Doors, Toto…) viennent de pénétrer sur scène… suivis de près par la talentueuse violoncelliste londonienne Gabriella Swallow. Mais… nulle trace de Judith Owen ! Et puis, soudain, sans crier gare, elle apparaît enfin. Lumineuse tout en n’ayant pas le pied marin, la jeune femme arbore une superbe veste émeraude brodée de fils d’or. Prenant place devant son piano, tout en plaisantant, les premières notes s’élèvent… imposant le silence alentour. Ouvrant le bal, Train Out Of Hollywood à l’assonance jazzy suivi du titre à la douceur pop I’ve Never Been To Texas, extraits tous deux de son précédent album, Ebb & Flow, ode amoureuse à ces artistes américains des 70’s, sources d’inspiration (James Taylor, Joni Mitchell, Carole King, Jim Morrisson…), et unanimement salué par la critique. Une consécration !

Judith Owen aime, lors de ses concerts, interagir avec son public instaurant, ainsi, une véritable complicité. Entretemps, Lizzie Ball et Meghan Cassidy, deux grandes violonistes anglaises viennent de faire leur entrée. Les musiciens sont, désormais, au complet ! Avec émotion et sur le ton de la confidence, l’artiste évoque les circonstances liées au titre éponyme de son dernier opus, Somebody’s Child. Sa rencontre avec une SDF enceinte et à demi nue sur la cinquième avenue, à New-York, lui a fait prendre conscience d’une humanité qui s’étiole et de ce sentiment latent que nous sommes tous l’enfant de quelqu’un. Chose que nul ne doit oublier ! Résultat : Un morceau à la beauté délicate magnifié par des notes pianesques, un grain de voix puissant et velouté et l’intensité dramatique des cordes.

Bientôt, les titres se succèdent. Send Me A Line au jazz léger et facétieux, Mystery à la bouleversante tendresse, Tell All Your Children au groove impérieux et catchy, We Give In à la note jazz cool percutante. No More Goodbyes, émouvant morceau à la forte et sombre mélancolie, aborde les difficultés liées au deuil, hommage vibrant à un père, chanteur d’opéra, trop tôt disparu. L’envoutante mélodie aérienne et jazzy du titre Arianne laisse place, par la suite, à une reprise… More Than This du groupe Roxy Music. Enregistré dans le studio londonien du chanteur Brian Ferry himself, Judith Owen y apporte cette touche de jazz à la tendre sensualité faisant de cette réadaptation, une perfection.

That’s Why I Love My Baby, au rhythm’n’blues incandescent, est une déclaration passionnée, tout comme la chanson Mystery, à un homme, Harry Shearer… son compagnon. Les premières sonorités classiques d’I Know Why The Sun Shines, empruntées au virtuose Serguei Rachmaninoff, subliment la fragilité d’une chanson à l’impulsion Jazzy. Joséphine sonne comme une complainte à l’irradiante et touchante nostalgie… un cri d’amour à cette contrée lointaine, berceau de son cœur… le Pays de Galles. C’est alors que l’adaptation jazz cool au magnétisme enivrant du célèbre titre Aquarius, de la comédie musicale Hair, amorce la fin du concert. Judith Owen remercie avec chaleur Paris, son public, les journalistes… The Rain Is Gonna Fall, dernière chanson de l’album, Somebody’s Child, nous subjugue par sa délicatesse fougueuse et solaire.

Alors que les salutations du groupe à un public en émoi semblaient sonner le glas, la rousse galloise, maîtresse de cérémonie, en décidait autrement. Les premiers accords de l’ardent Sweet Feet (Ebb & Flow) enflamment les lieux pour notre plus grand plaisir. Mais très vite, l’émotion reprend ses droits. Une adaptation… somptueuse… du titre Blackbird des Beatles résonne dans la salle… transcendée par une union symbiotique piano-voix.

Des applaudissements… des adieux révérencieux… et un dernier et ultime présent… la pétillante reprise au souffle pop rhythm’n’blues d’In The Summertime (Ebb & Flow) du cultissime groupe britannique Mungo Jerry. Une ivresse !

Judith Owen et son band nous invitait, ce soir-là, à la découverte d’une odyssée musicale à l’éclectisme langoureux et chatoyant. La synergie instrumentale, alchimie savamment dosée, les murmures choralistiques et la tessiture vocale à la douce volupté de Judith Owen… tels étaient les ingrédients réussis de ce show à l’élégance rare ravissant, de concert, le cœur et l’âme. L’impression d’un ailleurs… un ensorcellement… New-York nous tendait les bras.

Les dernières notes. L’espoir égoïste que rien ne s’arrête. En vain.

Chantal Goncalves.

N.B : La tournée de Judith Owen, Somebody’s Child European Tour 2016, s’achèvera le 22 novembre, à Londres. Les fêtes de noël approchant à grand pas… si vous désirez ardemment un petit bijou, alors n’hésitez pas… Somebody’s Child est pour vous !  Car comme l’a si bien dit Judith Owen, sur scène, ce serait un très beau cadeau pour noël ! Et sur ce point, je ne la contredirais pas !

Crédit Photos : Nicolas Fassier

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