robert Johnson

Un homme, trois tombes, et une légende qui aura marqué l’histoire de la musique.

L’homme, c’est Robert Johnson. Né dans le delta du Mississipi en 1911, il grandit dans une société imprégnée de racisme, de misère et de musique. Et quelle musique… Le blues, à cette époque, commence à peine à être enregistré. Pas d’albums, personne dans ce coin là n’a les moyens de les écouter. Seuls quelques curieux sillonnent le Delta, et collectionnent les morceaux, à fin des années 20.

Le jeune Robert est passionné: harmonica, chant, guitare… Il n’a de cesse d’observer les musiciens qu’il voit dans les juke-joints, ces endroits où se réunissaient les Africains-Américains pour boire, parier, et chanter. Mais, tout inventif qu’il soit, il est encore loin d’être celui qui va changer la face du blues.

Son House, un grand bluesman qui arrive en ville, cherche d’abord à le décourager. « Arrête la guitare, petit, tu fais fuir les gens« .

Quand la femme de Robert Johnson meurt en couche avec leur premier enfant, elle n’a que 16 ans. Il en a 19. Pendant un temps, il disparaît: il serait retourné dans sa ville natale. Ce qu’il a fait, nul ne le sait. Mais lorsqu’il revient, il est le plus grand bluesman du coin.

Son House l’admet: le gamin l’a dépassé.

D’où vient son talent ? L’artiste entretient le mystère, et vite, très vite, la rumeur court qu’il a passé un pacte avec le diable. À un carrefour inquiétant, dans la nuit, il aurait rencontré le démon. Celui-ci a accordé sa guitare, et lui a offert le succès, en échange de son âme.

Le contrat arrive rapidement à échéance. À 27 ans, Robert Johnson s’éteint après de longs jours d’agonie. Pneumonie, empoisonnement ? Son corps serait enterré près de l’autoroute 7, « pour que son vieil esprit malin puisse prendre le bus et s’en aller » si l’on en les paroles de Devil Blues. Trois tombes se disputent l’authenticité, comme les épitaphes.

« Robert Johnson, roi des chanteurs du Delta Blues. Sa musique fit vibrer un accord qui continue de résonner. Ses blues s’adressaient à des générations qu’il ne connaîtrait jamais et transformaient en poésie ses visions et ses peurs ».

Est-ce donc le diable, qui s’est amusé à faire signer tous les génies qu’il croisait ? A un croisement de deux avenues, à New York, dans un café, ou jusque dans leurs bains, Jim Morrison, Janis Joplin, Jimi Hendrix, Brian Jones, Alan Wilson auraient eux aussi fait accorder leurs instruments pour qu’ils résonnent un peu plus loin. Jusqu’à nos oreilles, bien au delà des leurs.

 

Juliette Démas

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