En ce lundi d’Octobre, le soleil inonde la Rue des Rosiers et, de l’autre côté du périphérique parisien, les Puces vomissent leurs derniers touristes américains. Le sourire aux lèvres et bien loin des frimas de circonstance, c’est par une belle matinée que nous nous dirigeons vers les « Mains d’œuvres » de Saint-Ouen pour une interview-fleuve de RAWDOG. Poignée de main franche. Regard droit. Au détour d’un café et en préambule, ce groupe nous rappelle que ce lieu n’est ni un « squatt » ni un « coupe-gorge » mais bel et bien un endroit vivant où le métissage des cultures n’est pas un vain mot et où bon nombre de grands groupes (Lofofora, Serge Teyssot-Gay, Akosh S. Unit, etc…) se sont produits…n’en déplaise à une partie de la Municipalité en place ! Nous descendons, donc, dans l’Antre de la Bête et rejoignons RAWDOG dans son QG (qu’il partage avec AQME) pour une heure d’échanges passionnés.

Au final ? Un entretien à leur image : sincère et galvanisant.

SONGAZINE : Est-ce que vous pouvez vous présenter pour les lecteurs de Songazine?

Audrey : Audrey Quintin. Je suis originaire du Loiret et je suis batteuse. J’ai officié dans deux groupes, l’un nommé Sheeduz, un trio féminin pas loin de l’univers de PJ Harvey et avec lequel nous avons sorti deux albums. Beaucoup de concerts ont suivi et, malheureusement, un split en 2012 pour divergence d’opinions. Peu de temps après, n’ayant aucun projet, j’ai été épaulé par des copains du studio dans lequel nous parlons actuellement. Et, par un concours de circonstance, je suis devenue la batteuse d’ A-Rainbow. A nouveau des concerts (dont un au nouveau Casino) et une parenthèse enchantée par le biais d’une mini tourné dans les bars pour s’aguerrir des « gros » live avec l’un des membres de Sheeduz. Mais je cherchais autre chose… Le chanteur d’A Rainbow me présente Michael lors d’une soirée et la connivence s’établit presque instantanément. Il joue ses morceaux avec sa guitare sèche. Je lui dit :‘’ tu fais quoi avec ça?’’. Et là, l’Aventure RAWDOG commence.

Michael : J’ai eu plusieurs groupes au début des années 2000 : un groupe de punk à l’adolescence qui s’appelait Parasite, un groupe de grunge qui s’appelait Lucie Spleen, puis un groupe un peu plus pop-rock qui s’appelait Tilt, en duo avec une chanteuse. Par la suite, je me suis un peu recroquevillé sur moi, j’ai commencé à faire des compos en solitaire. J’ai retrouvé un vieil ami à Paris qui est venu me chercher dans ma chambre et qui m’a dit : « Viens faire de la musique, on va se produire un peu, ça va te faire du bien de te remettre le pied à l’étrier… ». J’avais un challenge : jouer nos propres compositions. Compositions que j’ai jouées devant Audrey lors de cette fameuse soirée. Et elle m’a effectivement demandé :  «Qu’est-ce que tu vas faire avec ça ? Cela m’intéresse ! ». On a tout de suite parlé d’une idée de groupe. «Est-ce que tu as un nom de groupe ?». «Oui j’en ai un : Nobody’s Perfect ! ». Et elle m’a dit « ah c’est nul ! ». « Mais j’en ai un autre, c’est Rawdog ». ‘’Et ça veut dire quoi?’’. C’est une expression anglaise qui a un double sens : ‘’baiser sans capote’’, et qui peut être utilisée dans les domaines littéraires ou musicaux, dans le sens ‘’à cru’’, “brut de pomme’’…On a gardé ce nom-là… et on a commencé immédiatement !

Très vite est apparue une petite démo à l’été 2012 qui nous a permis de démarrer les concerts, on a eu rapidement beaucoup de compos, des enregistrements dans la foulée, et l’album est sorti le 24 octobre 2014. Notre premier album s’intitule « Blurred » du nom d’une chanson écrite par Audrey. Un titre, d’ailleurs, qui sort complètement du cadre des autres chansons puisque c’est une mélodie assez sombre au piano et qui clôture l’album. Rien à voir avec le reste, beaucoup plus « garage » dans l’esprit ! Et pour boucler la boucle, on a fait une release party, ici, à « Mains d’œuvres » en novembre 2014 !

Audrey : On va donc fêter très bientôt les 4 ans de l’album avec un nouveau projet !

(SONGAZINE vous met dans le Secret des Dieux, ce nouveau projet n’est autre qu’un nouvel EP, un album rugissant et en français dans le texte que RAWDOG jouera le Jeudi 1er Novembre 2018 à la Cantine de Belleville dès 20h30 !)

Michael : Avec ce premier EP, on a fait la tournée de tous les bars qu’il y avait à faire mais aussi au Nouveau Casino, à La Féline, au Buzz à Paris et un peu en province, notamment dans notre région d’origine, le Loiret (je suis originaire de Gien/Briare, Audrey de Pithiviers). Sans oublier un souvenir très fort au Théâtre d’Orléans – une très belle salle – en première partie d’un groupe.

Audrey : On a aussi fait beaucoup d’acoustique !

SONGAZINE : On a l’habitude de dire que, lorsqu’un morceau acoustique « tient », il tient aussi en électrique. Est-ce que ça été le cas? Est-ce que ça vous a aidé pour l’élaboration de l’album?

Michael : Oui !Le premier album est assez éclectique (pause) il y a pas mal de pop-rock… donc composé essentiellement sur une guitare sèche avec des mélodies, etc. Il y a quelques morceaux plus énervés mais également composés à la guitare folk. Donc, oui, la formule acoustique nous a permis de nous rôder, de construire des morceaux différemment. On a pu travailler les doubles voix tous les deux, on a tout de suite capté que c’était un vrai atout d’avoir une voix féminine et une voix masculine et de les mélanger correctement.

On avait des références communes comme les Beatles, ce genre de groupes très mélodiques qui ont beaucoup travaillé sur les voix, on peut même citer Nirvana pour les mélodies… parce qu’il y a un peu de grunge qui vient dans RAWDOG ! Moi j’avais aussi ce côté un peu punk qui venait. Avec une guitare électrifiée, Audrey derrière la batterie, en dépit de tout notre « vacarme », la chanson est toujours là. C’est éventuellement l’ambiance et le son qui vont changer mais c’est tout. C’est vraiment valable pour nous. Oui, ça marche !

SONGAZINE : Au début, je pensais que Rawdog était une référence aux Stooges avec ‘’I Wanna Be Your Dog’’ et ‘’Raw Power’’… la contraction des deux, en somme !

Michael : Les Stooges sont une référence pour nous mais, non, le nom du groupe ne vient pas de cette contraction des deux chansons.

Audrey : Ceci dit j’ai offert le livre Raw Power à Michael pour son anniversaire il y a 2 ans… ! (rires)

SONGAZINE : Si l’on résumait votre groupe à la vite- mais nous ne le ferons pas-, l’on dirait :  « Rawdog, une chanteuse/batteuse et un guitariste/chanteur, Saint-Ouen accouche des nouveaux White Stripes ! ». Ce serait réducteur, je vous rassure… mais cette comparaison vient immédiatement en tête parce qu’il y a aussi une question d’énergie commune. Est-ce quelque chose qui vous dérange lorsqu’on vous définit comme cela? Pour ma part, je vous compare plutôt au Blood Red Shoes, un peu aux Stooges pour l’aspect « animal » et à Dominic Sonic pour le chant. Est-ce que je suis dans le vrai ou dans le faux?

Audrey : Cela fait plutôt plaisir ! Pour autant, on n’a jamais voulu créer Rawdog comme un doublon de White Stripes, même si j’aime bien ce groupe. Je préfère d’autres projets de Jack White aux White Stripes. Mais effectivement Blood Red Shoes, pour les avoir vus à Rock en Seine, c’est peut-être un peu plus ce qui nous correspondrait. Hum, c’est difficile de nous coller telle ou telle étiquette. Quant aux Stooges et à Dominic Sonic, je ne saurais me prononcer.

Michael : Les Stooges, c’est évidemment une référence ça fait partie des musiques que j’ai écouté et qui m’ont forcément influencé. Je ne connais pas suffisamment Dominic Sonic pour en parler. Mais le côté énergique, à première vue non technique, on valide. Même s’il y a des subtilités dans les voix ou les structures quand tu creuses dans la bande à Iggy. Comme eux, on aime vraiment déconstruire les choses. Pour autant, les White Stripes, ce n’est vraiment pas une référence forte dans notre musique. Audrey et moi, c’est d’abord une rencontre; et ensuite seulement, on a construit le projet. Alors duo ou pas duo ?…On s’est réellement posé la question d’avoir ou pas un autre musicien. La formule binôme était d’une telle simplicité d’organisation , pour se voir, pour jouer ensemble. On s’est dit ‘’Voyons d’abord si les chansons plaisent, si on s’entend artistiquement’’ et puis finalement on n’a jamais amené quelqu’un d’autre (pause) même si on ne s’interdit jamais rien sur ce plan-là.

John Book.

Prochain concert : 1/11/2018 @La Cantine de Belleville (https://www.facebook.com/events/274252199760720/)

Page Bandcamp : https://raw-dog.bandcamp.com/?fbclid=IwAR07RYGRK8Z8OtuWEAh_ngyfaqH3glWaR8EWiHwSc5GLqVcpyqTA0UBBjXg

Chaîne YouTube : https://www.youtube.com/user/rawdogband?fbclid=IwAR0X-kjmOpE1ILnWjkpFVL222j5ewNcAnwDDiYyxb0_eeOVIR1CQN3MnqAE

 

 

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