Radio Elvis

Au bar à bulles, à la Machine du Moulin Rouge, Paris…

Radio Elvis c’est l’histoire de trois talentueux jeunes musiciens, Pierre, chanteur-guitariste, Colin, batteur-clavier et Manu à la guitare-basse. Ensemble, ils nous proposent un excellent condensé de rock français, Les Conquêtes, qui sort vendredi 1er avril.

Le déclic a eu lieu après un concert au Petit Bain, où jouaient Manu et Colin, dans un groupe de Julien Gaulier, l’ancien chanteur de Hey Hey My My. « C’est de cette manière que j’ai vu Manu, Colin et Julien sur scène. A ce moment, dans ma tête se mit à résonner « J’ai envie de jouer avec eux. » Je me souviens de ton sourire Manu ! » Plaisante Pierre. Pour autant le batteur et lui se rencontraient déjà lors de leurs années lycée, mais sans se connaître. Radio Elvis est en premier, un duo formé de Pierre et Colin. Ensuite Manu les rejoignit plus tard : « A la base, nous n’étions que tous les deux, puis trois quatre mois après, lors de la session d’enregistrement de Juste Avant La Ruée, Manu nous a aidé pour des lignes de basse sur Goliath. » Quant à Julien Gaulier « Il est devenu notre manager. » L’année 2013 fut l’année de naissance du groupe.

Avec le renfort de Julien, ils sortirent Les Moissons, leur deuxième EP puis ce fameux album Les Conquêtes. Les deux ont été enregistrés à l’ICP Studio de Bruxelles.

Radio ElvisL’effet marquant de la musique du groupe est l’importance des paroles dans un juste équilibre avec la mélodie, à la manière « anglaise. » Le chanteur nous explique : »le texte est un instrument à part entière, au même titre que la guitare, la batterie et la basse. On essaye de mettre les paroles au même niveau que la musique. L’un ne va pas sans l’autre. » Il continue sur la recette d’un bon morceau : » Dans un premier temps, il faut que la mélodie apporte son effet. Dans un second temps, on l’imprègne d’un texte riche. Celui doit pouvoir se décortiquer, se séparer, s’y attarder, en quelque sorte se triturer. » Il en conclut :  » Le but étant de créer une chanson rock ou pop qui procure des émotions et qui possède plusieurs lectures possibles. »

A la première écoute, on se perd dans le thème du voyage. Pourtant, c’est le contraire, notre chanteur s’explique : « je ne voudrais pas que notre œuvre soit prise comme un concept album autour de ce sujet. Cependant, je trouve que ce lexique est très poétique. Il permet de dire plein d’idées avec pudeur. Ce thème nous sert plus comme une technique d’écriture, un vecteur. » Pierre revient sur la vraie nature de l’œuvre : » la vraie volonté était de créer une œuvre qui se nomme les Conquêtes sous toutes ces formes. Le titre est antérieur aux chansons. Je voulais que chaque morceau se rapporte au nom. Je trouve que dans le titre, il y a cette idée de groupe. Il résume notre parcours, ce qu’on a construit ensemble sur trois ans.  » Colin nuance : » Tout le monde peut se retrouver, le ressentir, cette idée de voyage, alors que ce n’était pas le but premier. Je pense que le ressenti est assez cohérent. »  Le chanteur termine la discussion :  » En fait, c’est plus la notion de grands espaces. »

Le dernier titre de l’album, Au Large du Brésil, Le Continent, est un résumé de l’ambiance :  » elle est divisée en deux actes. La lecture première est cette histoire de matelot qui part à l’aventure. Puis, il en existe une deuxième que je vous laisse deviner. Elle est remplie de questions existentielles. Chacun est libre d’interpréter cette métaphore de l’équipage du Captain Cook qui découvre un nouveau continent. »

Jacques Higelin, Alain Bashung sont deux monstres sacrés de la musique en France. Pour de nombreuses personnes, Radio Elvis en serait « l’héritier ». « Ils ne sont pas l’essentiel de nos inspirations pures. Pour autant je les adore. Notre lien commun avec eux est qu’ils font la même musique que nous. Les mots, leurs sonorités, le rock. Enfin, je pense que c’est assez prétentieux de le dire, » expose le batteur. Pierre avance plus loin à ce sujet : » Ces mecs là n’ont jamais choisi entre la chanson ou le rock. Il se trouve qu’ils sont arrivés où le rock était déjà présent. Les deux ne se sont jamais posé la question sur quel genre prendre. Ils les ont malaxés. Jacques Higelin est peut-être plus dans la chanson. Pourtant, certains de ses morceaux, voire même son jeu de  scène, sont du rock’n’roll« .* Il poursuit sur la musique d’aujourd’hui : »Maintenant on ne doit pas choisir entre les deux genres. Je pense que l’un ne va plus sans l’autre. Ils se superposent entre eux. Nous ne sommes plus à l’époque de Jacques Brel où les deux existaient en parallèle. »

Blind Digital CitizenManu se rappelle un autre groupe français : »Blind Digital Citizen, leur nom est anglais mais ils chantent en français. Il existe des similitudes avec Bashung. C’est paradoxal, car, leur musique est axée sur l’électronique. Ils mélangent des textes très évasifs et évocateurs. »

Radio Elvis est en lice cette année pour le prix Adami/Deezer. « J’avoue la première réaction que j’ai eu, était de regarder les autres finalistes de cette année. Je trouve que c’est un prix prestigieux », commente Colin. « Deezer, nous suit depuis le premier EP, je crois qu’ils aiment bien notre album. C’est cool d’appartenir à ce prix, » se réjouit Pierre,  » il est intéressant qu’il n’y ait pas que des professionnels de la musique. Au moins, cela peut montrer qu’il existe d’autres personnes en France qui aiment la musique ».

En tout cas, on les retrouvera cette année sur la grande scène des Francofolies de La Rochelle. Un festival qui les suit depuis leur début et leur a donné la chance de poursuivre l’aventure…

Thomas Monot

Bonus lien :

Au loin les pyramides

Les moissons

*  A écouter l’album BBH-75 de Jacques Higelin. Une œuvre rock’n’roll.

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