L’été jouant les prolongations, du moins pour les expositions, en ce début Novembre sortant de la « Putain d’expo » sur le chanteur Renaud, en silence je contemple l’esplanade de la Villette.
M’interrogeant intérieurement, récapitulant avec méthode le trajet de cette expo, certes pas très longue mais suffisamment dense pour comprendre que ce chanteur n est pas juste un chanteur comme les autres, les images défilent dans ma tête.
Ado (avec des cheveux …il y a des preuves photographiques) dans les années 90,son succès ne m aura que très peu marqué, icône des années 80, pas mon époque pas mon style.
Dans cette rétrospective centrée sur le bonhomme, tout y passe pour le rendre hyper sympa, révolté, engagé, et Germinalisé !
Il avait même une mobylette bleue un peu pourrie, de celles d’il y a 30 ans, avec la cagette de poireaux et les tendeurs sur le porte bagage.
Chanteur, ça on le savait déjà, militant de toutes les causes, on le sait aussi, mais alors qu’il a été chroniqueur chez l’ami Charlie Hebdo, ce fût pour moi une découverte des plus écarquillante, je pousse un « ça alors » dans ce silence de cathédrale, les gens se retournent, me regardent pointer du doigt le livre des « Chronique de Charlie Hbdo » dans une vitrine en verre propre sans traces de doigts, « alors ça je ne savais pas du tout qu’il avait fait ça !! » les gens probablement des fans de la première heure reprirent, dédaigneux leurs activités fanesques, en bavant et chantonnant du Renaud sur les photos du dit « chanteur », un non évènement… je ne suis pas un VRAI fan.
Avant de m’engouffrer dans la bouche de métro, je reste Interloqué par son parcours à Charlie Hebdo en tant que chroniqueur, ça doit etre incroyable quand même, ni une ni deux ni trois d’ailleurs, je rebrousse chemin, d un pas décidé, jusqu’à la librairie de l exposition, pour acheter les fameuses « Chroniques de Charlie » par Renaud.
Rappels historiques, humoristiques sur des années où adolescent j’étais plus préoccupé par comment pirater Canal Plus le premier samedi du mois, ou encore comprendre à quoi servait l école, je découvre 30 ans plus tard que Renaud lui, c’était sérieux son époque.
Embauché de force ? Par les trublions de Charlie Hebdo, Renaud régalait la galerie dans les colonnes du journal satirique , avec ses billets d humeur très français (râleur) mais avec une maîtrise de de la synthèse, de l’humour et évidemment une gouaille propre au chanteur.
Exquis, une vraie délectation, chaque chronique à été peaufinée comme si c’était une chanson, courte, son sens de l écriture est méticuleux, on sent les heures a peaufiner le texte, à reprendre, remodeler.
Il en souffre d’ailleurs, à tel point que plusieurs fois il menace ouvertement de quitter la rédaction des chroniques, on ressent ce coté artisanal, avec ce besoin de temps pour faire quelque chose d’aboutit et de fini, ces chroniques ne sont pas écrites à l’arrachée.
Pendant que je découvrais le cinéma, lui aussi le découvrait en étant acteur dans Germinal, il raconte avec humour ses moments hors plateau avec Depardieu et Carmet, et visiblement la sécheresse hydraulique a eu raison d’eux, les pauvres se sont rabattus sur de l’alcool.
Pendant que j écoutais mes premiers albums sur ma nouvelle chaîne hi fi peinard, lui chantait dans une Bosnie ravagée par un conflit abjecte et fratricide.
Si certains se disent « sapé comme jamais », lui est engagé comme jamais, Greenpeace, etc.
Sa femme et sa fille finisse de peindre un tableau quasi idyllique, rappelant dans quelques lignes perdues que l’alcool reste toujours en embuscade, mais ce n’est jamais pour masquer une solitude, plutôt une hypersociabilité pastisienne, en gros un mec qui aime partager, échanger avec les gens.
Volontiers râleur, il tire sur tous les politiciens de l’époque, de gauche de droite… et sur les collègues chantants très peu ou pas engagés ( achetez le bouquin pour savoir qui)
C’est délicieux, fichtrement bien écris, c’est un point de vue intéressant sur cette époque qui pour moi furent un cauchemar adolescent, Renaud a redonné une lumière salvatrice sur cette époque, où tout semblait déjà partir en sucette, Guerre du Golfe, Bosnie, les attentats de l’époque en 1995, Les 90’s n’avaient rien à « envier » à aujourd’hui.
Ça se lit très bien, et il me semble que des ados de quatorze pourraient aussi lire cette analyse fine au vitriol.
Les caricatures comme outil pédagogique ? N oubliez surtout pas non plus les « Chroniques de Renaud » à Charlie Hebdo.
PY