OMD ? OMG ! (Orchestral Manœuvres in the Dark ? Oh My God !). Telle fût la réaction de notre chroniqueuse poétesse Vanessa Mdbs, qui ne fait rien qu’à acronymer en ce moment, après que je l’eus informée du concert du duo liverpuldien – Andy McCluskey (chant, basse) et Paul Humphreys (claviers, synthés, chant) – mardi 13 février au Bataclan, 20:50 UTC, près de cinq années après leur dernière venue au Trianon le 18 mai 2013.
Le Bataclan affiche complet ce soir, avec un public frisant (et permanenté pour certaines) la tranche d’âge 50-60 ans. Il faut dire qu’OMD a débuté en 1978, 40 ans déjà !
Une époque préhistorique où la guerre froide nous faisait craindre d’avoir à payer notre baguette de pain en roubles alors que dans le même temps, Boney M, pas bégueule, squattait les plateaux télé en chantant ‘’Ra ra Rasputin / Russia’s greatest love machine / It was a shame how he carried on’’.
Un temps où le taux d’inflation de 9.1% sclérosait déjà le pouvoir d’achat des ménages et où l’Angleterre pressentait l’arrivée au 10 Downing Street de Maggie la ‘’Dame de Fer’’.
Un temps où nous écoutions nos groupes pop-rock favoris sur le premier walkman Sony stereo cassette player TPS-L2, faisant fi des conseils parentaux – ‘’Tu vas te niquer les oreilles avec cet appareil diabolique’’ -, auxquels nous rétorquions, rebelles dans l’âme : YOLO (‘’You Only Live Once’’). En gros : ‘’Lâche-moi avec tes conseils pourris, on n’a qu’une vie !’’.
Bref, une éternité !
A l’orée de la soixantaine, nos deux Brittons Andy et Paul sont en grande forme, garantis sans OGM ni EPO, ‘’in good shape’’ dirait-on outre-Manche. Ils sont beaux à voir les deux complices qui se sont rencontrés sur les bancs de l’école primaire au début des 70s et ils nous font immédiatement beaucoup d’effets, non pas de manche, plutôt des effets de sons pop dance électronique sortis de boîtes à rythmes.
Le set aura été, non pas de Haute-Volta (colonie de l’AOF) car cela ne voudrait rien dire d’une part, et que d’autre part, OMD n’a jamais été une pompe Afrique, sauf peut-être pour certains producteurs ripoux qui ont détourné les recettes accumulées par le duo pendant des années au point de réduire leurs émoluments à peau de chagrin de RSA, les laissant en PLS rapport au grisbi.
Le set, disais-je, fut plutôt de haut voltage de boîte à rythmes, de haut vol au-dessus d’une dizaine d’albums différents, depuis 1980 avec l’éponyme Orchestral Manœuvres in the Dark et l’incontournable ‘’Electricity’’ jusqu’à The Punishment Of Luxury (2017).
Ce groupe fait partie de mon panthéon personnel, tatoué dans mon ADN, aussi mythique que Joy Division, New Order, The Stranglers, The Cure, The Smiths et The Clash.
‘’Ghost Star’’, issu de leur excellent treizième album studio The Punishment Of Luxury paru l’an dernier, entame la soirée, mettant en lumière leur talent de fins mélodistes et de songwriters romantiques (‘’And on that night and in that way / You wove your magic slowly / The broken boy is healed again / I fall into you wholly’’).
Les standards du groupe s’enchaînent comme les séries de télévision sur Netflix.
‘’Tesla Girls’’, issu de l’album Junk Culture’ (1984), n’est pas un hommage aux filles qui aiment les jolies voitures de luxe et préfèrent les senteurs de Musk mais au scientifique yougoslave Nikola Tesla, développeur du courant alternatif alimentant les équipements électriques qu’utilisent quotidiennement les ménagères. Une chanson pas forcément féministe en somme….
Paul triture son Komplete Kontrol S88 et l’ambiance monte d’un cran au moment de la sublime trilogie ‘’Souvenir’’, ‘’Joan of Arc’’ et ‘’Maid Of Orleans’’ présente sur Architecture & Morality (1981). Ces anglais sont si sympas qu’on leur laisse même entre les mains notre Pucelle d’Orléans, c’est dire !
‘’So In Love’’ (chanson d’amour), ‘’The Punishment Of Luxury’’ (à n’en pas douter un hommage à Jérôme Cahuzac, ministre délégué en charge du budget déchu) et le tubesque ‘’Enola Gay’’ mettent en transe un quarteron de vieilles anglaises bien mises qui se trémoussent comme aux grandes heures de l’Eric’s Club de Liverpool voilà 40 ans !
Le set, déjà bourré de MW (Mégawatt), se conclut ‘’là où tout a commencé pour nous’’ rappelle Andy, avec le kraftwerkien et voltaïque ‘’Electricity’’, fond sonore idéal pour un lipdub de l’EDF.
Rosemary à cette heure ne se ressent plus de sa polyarthrite rhumatoïde, n’espérant plus qu’une goutte de sueur perle du front d’Andy McCluskey sur son bustier en dentelles… LOL
Les lampions se rallument, après qu’Andy nous ait assuré d’un retour prochain dans la Capitale. SMR (Sa Majesté Royale) serait bien avisée d’anoblir ces deux-là qui ont tant fait pour la patrie. On ressort HS, heureux et gonflés à bloc en ce mois de février neigeux, en attendant qu’une seule chose : revoir ces deux-là (Andy l’a promis) au plus vite !
Hats off gentlemen !
Alechinsky.
PS : Pour la prochaine chronique, les acronymes laisseront la place à deux nouveaux procédés stylistiques, l’analepse et la prolepse. OK ?
Playlist : Intro/Ghost Star – Isotype – Messages – Tesla Girls – History of Modern – One More Time – Forever (Live & Die) – If You Leave – Souvenir – Joan Of Arc – Maid Of Orleans – Talking Loud And Clear – What Have You Done – So In Love – Locomotion – Punishment Of Luxury – S.O.T.S.S. – Enola Gay – Pandora’s Box – Secret – Electricity