Toi l’inconnu.
Toi le petit.
Toi qui ne connaît ni la scène, ni les ondes.
Toi le guitariste de la rue ou du café, toi que nous écoutons, curieux ou distraits, émus quelquefois, distants souvent, toi qui tente de gagner ta vie en distillant quelques notes de musique dans nos vies, souvent tu recueilles notre ingratitude.
Je te croise, toi ou d’autres, je te rencontre au coin de ma rue ou loin d’ici.
Quelquefois, tu retiens mon attention, souvent, je t’oublie ; mais toi que j’ai écouté récemment, je voudrais ne pas t’oublier.
Je t’ai rencontré dans un patio andalou, lors d’un séjour à Séville, et tu m’as marquée. Je me souviens encore de l’émotion qui m’a enserrée, de la plainte qui s’élevait de tes doigts, de la façon dont tu tenais ta guitare presque verticale, des notes et des accords mineurs, de l’authenticité, de ta culture profondément ancrée en toi que tu partageais avec nous.
Toi l’inconnu, qui ne connaîtra pas la célébrité, je te remercie.
Pascale Baussant, amoureuse devant l’éternel de tous les guitaristes