no random sur scene au nouveau casino

Le 1er février dernier, No Random, quartet parisien rock-indé dark et inspiré, faisait ses premières armes sur une vraie petite scène de la capitale, au Nouveau Casino. Le fruit d’un travail et d’un engagement sans faille depuis plusieurs années de la part de Maï, chanteuse-petite-brune-magnétique, Alberto, guitariste aérien, Julien, batteur métronomique et François, bassiste (dé)formé au jazz (et par ailleurs investi dans un projet jazz-alternatif à suivre, Poulpe Noir).

Un engagement qui s’est concrétisé fin 2017 par un crowdfunding explosé sur Ulule grâce au bouche à oreille, qui va leur permettre d’enregistrer leur premier album au printemps, après un EP éponyme sorti en 2015 et disponible sur toutes les plateformes. 2018 se présente donc sous les meilleurs auspices pour No Random.

Oh Maï God

No Random, c’est un peu Radiohead (pour le dark) qui serait maqué avec The Cranberries (pour la voix) au sein d’un lead-couple scénique fier et ombrageux façon latino (pour la posture scénique), Alberto étant mexicain, Maï espagnole. Convaincu que leur rencontre fortuite, à 4 ans d’intervalle, ne devait rien au hasard (d’où le nom, No Random), les deux comparses se sont adjoints les bons et loyaux services d’un batteur aussi discret qu’efficace (comme le sont tous les vrais bons batteurs à part Phil Collins) et d’un bassiste éclectique capable de bourrer du métal lovecraftien comme ça pour rire comme de suer le burnous sur une contrebasse en bon jazzman qui se respecte. Points communs à ces quatre compagnons : un goût prononcé pour l’introspection, le spleen et des influences éclectiques communes : Radiohead, Faith No More, Massive Attack…

Norandomsurscenenouveaucasino

Gardiens du Temple

Pour en revenir à la posture scénique, il faut bien avouer que Maï, à la fois distante et énergique, à la voix hypnotique, parfaitement anglophone et qui tend, dans les aigus, vers le miaulement, ne laisse pas indifférent et capte une bonne part de l’attention du public. Elle porte haut une voix rock-blues avec une aisance impressionnante (et une moue boudeuse), comme Alberto décoche des solos à la fois musclés et planants, tous deux s’ébrouant à leur aise dans cet univers vibrant, sombre et désenchanté, posé, cadré et tenu de main de maître par la section rythmique, gardienne du Temple.

Cohérence

Une grande cohérence, c’est l’impression qui se dégage du groupe, sur scène comme à l’écoute. On sent qu’une rencontre a eu lieu, que l’alchimie a pris… Et elle offre des pépites rock-pop-indie qui méritent une bonne place dans nos playlists. 

Ainsi le riff entêtant et fataliste (“I’m bound by the promise made…”) de Closing Gate (objet du premier clip du groupe).

Ainsi sur Lame les incantations spectrales de Maï et les boucles instrumentales qui projettent dans les hautes sphères. Le morceau produit le même effet mental que le superbe Screenager de Muse (à l’époque où Muse faisait du beau) : celui d’un enveloppement dans un tourbillon qui nous envoie lentement dans l’espace interdimensionnel où l’on croise Tom Yorke et Grace Slick (chanteuse de Jefferson Airplane) en grande discussion philosophique, et dont on redescend avec l’impression d’avoir gagné en sagesse, en intelligence et en détachement.

Ainsi enfin le feu d’artifice Motion, porté par sa basse roulante inexorable, qui clôtura le concert et dont on a juste envie que jamais il ne s’arrête, et de le signer en B.O de la prochaine géniale série qui vous prendra tout votre temps de cerveau disponible sur Canal/Netflix.

Tribute to Zombie

En rappel auparavant, No Random a rendu un hommage appuyé à feu Dolores O’Riordan, avec une reprise combo de Zombie et Salvation devant un public ô combien reconnaissant. Le quartet parisien, habituellement allergique aux covers, a fait une exception à la règle, mais pour la bonne cause : The Cranberries fut LA raison pour laquelle la belle Maï s’est mise à faire de la musique, et rien que pour ça, on leur élèverait un autel.

Pierre

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