Troisième volet de l’interview de TRISOMIE 21… qui dévoile le processus créatif, la grande complicité et l’esprit d’indépendance des frères Lomprez…

 

Comment se répartit le rôle de chacun ?

Philippe : Hervé fait l’essentiel : ingé son, pratiquement tous les instruments. Moi au départ, je suis batteur et chanteur, j’écris les textes. J’abandonne la batterie après.

Hervé : Ce qui est intéressant, c’est que tu as toujours une alchimie qui se passe. Je prends comme exemple le dernier titre de l’album, « Black Label », qui est un morceau assez long et calme. On s’est dit « Je vais me mettre devant le clavier, je vais mettre le son 48, le son 21… je ne sais pas ce que c’est ». Philippe se met dans la cabine chant. On a enregistré le morceau avec une alchimie dans le sens où on a réussi à faire une structure couplée refrain/développement, le titre n’a pas été retouché.

Philippe : Ça je pense que c’est le côté fratrie aussi.

Hervé : Le côté magie…

Philippe : Je sentais à quel moment il allait descendre, monter…. Ça se répondait, c’était très naturel.

Hervé : Moi j’étais en train de jouer, je me dis « Je sais qu’il ne faut pas bouger »; mais je connais Philippe, je sais qu’il va le faire (rires) Il chante toujours sur des temps et des structures qu’on n’attend pas. Si on dit « c’est surtout pas là qu’il faut bouger », lui il va bouger à ce moment-là !

Alechinsky : C’est un rebelle. Autiste et rebelle, ça fait beaucoup ! (rire général).

 

Désobéissance

Hervé : Plutôt que « désobéissance », il faut garder son indépendance…

Philippe : On n’a pas obéi mais on n’a pas forcément désobéi. On n’accepte pas qu’on nous dise ce qu’il faut faire. On n’accepte pas les ordres, donc on ne peut pas dire qu’on « désobéit ». En revanche, on n’obéit pas, c’est clair, on est rebelles à ça, on est libertaires du départ. Le meilleur exemple que l’on cite : à un moment donné, tous les groupes avaient décidé de mettre les basses en avant ; et bien nous on la supprime. Ce n’est pas une réaction pour dire « Regardez ce qu’on fait ou on va faire différemment » ; chez nous, c’est épidermique. On a envie de se mettre en danger, on enlève la basse. On sort « Chapter IV » en 1986 (NDLR : leur troisième album), la maison de disques ne comprend pas mais finalement, ça marche. Après, on rajoute de l’harmonica et du violon aux sons cold-wave. On a fait du hard rock sur « Works » (NDLR : album sorti en 1989). On aime ces mélanges. Prendre des risques, c’est la meilleure façon d’avancer.

Hervé : Il y a aussi pas mal de morceaux où il n’y a plus de voix du tout…

Philippe : La voix est comme un instrument. Je n’ai pas cet ego-là de dire « le disque n’a pas de valeur s’il n’y a pas de chanteur ». Je suis au service du groupe. Me taire peut rendre service (rires).

Hervé : L’atmosphère sur « Is Anybody Home (Part 5) » (NDLR : sur le dernier album « Elegance Never Dies ») est totalement différente sur la partie chantée et sur la partie instrumentale. D’où l’intérêt des harmonies et ensuite du texte qui vient, mais ce sont surtout les travaux d’harmonies qui rendent cet effet.

A suivre…

Alechinsky.

 

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