Interview téléphonique de Stéfane Mellino, chanteur et guitariste des Négresses Vertes, groupe cher à l’auteur de ces lignes et, l’air de rien, à des millions d’autres personnes…depuis trente ans.
Because Music a le bon goût de rééditer les 4 albums (originaux et magnifiques) « studio » du groupe protéiforme, polychrome et talentueux. Et vous savez quoi ? Ils vont tourner partout en France et en Europe pour jouer l’album MLAH en entier.
Joie d’échanger avec un homme chaleureux, passionné, intact et entier.
Autant vous dire que je suis totalement bercé de souvenirs de leurs chansons ! Qui a oublié une seule des perles de l’album ? Et ce son, un peu gitan, un peu popu, cuivré et chaud, bien chaloupé, avec l’accordéon soudain déringardisé ET émouvant, la voix papier de verre-cabaret-profonde du chanteur -trop vite flambé ☹- Helno. Et ces paroles ironiques, vivantes et insolentes de jeunesse solaire ? Un collectif vivant, des tronches multicolores, en somme l’inverse de l’intolérance et de l’exclusion. De la joie solaire, comme l’été qu’ils ont si bien célébré.
Pour moi, un souvenir personnel fort : mon premier fils, né en janvier 1989, quand je m’en occupais la nuit (hé oui, biberon et tutti quanti, moi j’adorais ça en fait !), je lui chantais Zobi la Mouche en le faisant voler dans mes bras !
La grande pertinence de leur musique est d’être à la fois populaires et dans le coup, universels et spécifiques. Stéfane me fait partager la joie qu’ils ont eu à se retrouver et être parés, sans hésitation, à « remettre la chaudière en marche », 17 ans après la fin (provisoire) de leur aventure. Il est même impressionné par la force rémanente des chansons, de l’accueil du public, toujours fidèle et chaleureux. Stars du Top 50, d’un temps où la daube autotunée n’avait pas beaucoup pollué comme le plastique les océans…Ils sont tout simplement portés la force de leurs chansons, traversant les décennies. Il voit avec émotion des enfants qui furent prénommés Helno, Orane ou même … Mellino, il mesure avoir marqué l’existence de milliers de personnes, empreinte sensible et non fugace. « Des rafales d’amour » leur sont envoyées, témoigne-t-il !
Nous parlons aussi de la chanson « Face à la mer », notamment de sa version remixée par rien de moins que Massive Attack. Les paroles, en écho moderne au Cimetière Marin de Valéry, lui furent inspirées par un vrai cimetière en bord de mer situé en Algérie. Encore un morceau qui tient le choc de la pérennité et de la valeur artistique inoxydable, au-delà des modes.
Et la suite ? « On ne s’interdit rien » me dit-il ! On reste tout ouïe !
En attendant, une seule chose à faire : courir les acclamer en concert.
En 2018, plus que jamais, nous avons besoin des Négresses Vertes pour nous mettre de belle humeur et nous sentir vivants.
Jérôme « sous le soleil de MLAH » V.