Mutiny on the Bounty

Le Bus Palladium, la salle parisienne mythique, où la musique coule à flots, de grands noms se sont mesurés dans cette arène. Dans le fumoir, tout en haut, à l’ombre d’un vieux juke-box que Songazine a rencontré Sacha Schmitz (batterie) et Nicolas Przeor (guitare) du groupe luxembourgeois Mutiny On The Bounty.

Digital Tropics, leur troisième album, est différent de tout ce qu’ils ont réalisé depuis leurs débuts. Nous allons ensemble le décortiquer et le comprendre. Pour résumer : leur dernier né est une recherche de nouvelles sonorités : « J’aime tout ce côté afro-beat. On ressent dans le fond, du funk, de la soul voire même du hip-hop. On a toujours été un groupe avec une musique sombre. Cette fois-ci, nous avons voulu chercher des mélodies plus sympas, plus dansantes, tout ce qui nous donne du plaisir », explique Nicolas. Le morceau MKL JKSN ou Mickael Jackson, en est un parfait exemple. Le chroniqueur y trouve une touche de science-fiction, genre Hans Zimmer avec Interstellar, au niveau des effets claviers : « le film est arrivé bien après l’album. On adore ce genre et même ces musiques qui rentrent dans l’électro-ambiant», commente Sacha, « En général, on entend souvent les gens qualifier notre son de spatial. Il entraîne les personnes dans le voyage. En plus, il n’y a pas de paroles, ce qui laisse travailler l’imagination. Nos sonorités sont assez froides et nos rythmes mécaniques évoquent ce genre d’univers, » termine Nicolas. Ce rythme se retrouve sur différents titres de cet opus, Fin de Siècle et Ballet mécanique : « C’est un mot qui revient souvent, genre « Essaye de jouer ça mais encore plus mécanique ». On aime retranscrire une musique électronique de manière rock », enchaîne le batteur.

Sur le nouvel album, Countach et Ice Ice Iceland sont les petites favorites de nos deux musiciens. La première : « J’ai un petit faible pour elle. Elle a un rythme vraiment entêtant. Elle regroupe tout ce que j’aime, beaucoup d’énergie et le côté afro dans les guitares », avoue le guitariste. La deuxième : « On adore la jouer. Elle est construite sur une montée. Elle est la plus électro de Digital Tropics », explique Nicolas, « Assez hip-hop aussi. C’était l’idée d’avoir un gros beat », enchaine Sasha, en s’allumant une cigarette.

Adebisi Shank, Sun Glitters, Scarred et tutti quanti

Le Math-Rock est un nouveau nom de genre pour Songazine. Arrivé dans les années 80, dans les environs de Chicago, il se réfère à du rock progressif mélangé à de la musique minimaliste avec une complexité rythmique. Battles et Don Carabello sont les groupes référents. Sasha continue : «Il s’est créé car c’étaient des groupes qui décomposaient vraiment leur musique. Aujourd’hui, le terme regroupe tous ceux qui ont commencé dans cet univers, même si maintenant ils ne sont plus dans le Math-Rock ». Eux, ont évolué à chaque album et ce n’est plus dans ce style qu’ils se reconnaissent : « C’est vrai que ce sont nos racines. Digital Tropics nous éloigne de ce genre. On a voulu être plus limpides dans nos propos. On s’est plus focalisés dans le groove avec un tempo plus lent». Petite information, Foals à ses débuts était un de ses groupes, dont leur premier album Antidotes (2008) s’en inspire. En ce qui concerne en 2015, les Mutiny On The Bounty vous conseillent d’écouter Adebisi Shank et leur deuxième album This Is The Second Album of a Band Called Adebisi Shank : «  Il provoque l’unanimité dans le groupe ».

En France, nous connaissons le rock belge. Celui du Luxembourg est inexploré. Le chroniqueur part à la découverte de cette scène musicale peu connue : «Elle est très active, depuis les années 90. Il y avait une scène punk-hardcore vigoureuse qui jouait énormément », nous explique Nicolas. «  Le seul problème, finalement et malheureusement, c’est qu’il n’y a pas beaucoup de groupes qui ont réalisé le grand saut. D’être un peu partout dans le monde. C’est la seule raison. Pourtant elle est bien vivante, elle est là. Je trouve que pour un petit pays, la scène musicale est très éclectique et cherche à se renouveler avec de nouveaux sons », conclut Sasha. Quels sont les groupes à écouter selon les Mutiny : Sun Glitters, «  un gars qui fait de l’électro. Il tourne un peu partout dans le monde. Il vient avec nous en tournée au Japon » et Scarred, « Un groupe de Metal qui s’approche de Gojira. Ils jouent sérieusement bien. On ne comprend pas pourquoi ils ne sont pas reconnus dans leur art ».

Une dernière question rubrique histoire. Elle vaut un million d’euros symboliques. Qu’est ce qui s’est passé le 28 avril 1789 ? : « La Mutinerie du Bounty ! » Bonne réponse de Nicolas, qui un éclate de rire. « Le nom vient de là mais aucun rapport avec l’histoire, » sourit Sasha et la dernière phrase est celle du guitariste : « C’était plus le côté épique. Au début, c’était un délire entre nous et c’est resté »…

Thomas Monot

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