Cruel exercice que celui du débranchement électrique quand on est un groupe de rock, être privé de son essence, la fée électrique, du gros son travaillé en répète, en studio, pendant des heures et des heures, c’est dur.

On se retrouve à poil finalement, impossible de se cacher derrière des effets, de styles, de langages, et parfois des effets d’artifices.

CAESARIA remporte haut la main l’exercice, chapeau bas.

Quand on fait du club rock, cet élan musical furieusement pop initié en Scandinavie, avec The Rasmus entre autres, et les Anglo Saxons Klaxons ou encore les ricains de The Killers, qu’est ce qui permet encore de dire qu’on est un groupe de rock en 2020, alors que la guitare n’est plus la reine de cœur, mais l’égal du synthé fou, ou du roi batteur ? la réponse est un unplugged « unplugged connection »

Ce quatuor strasbourgeois, nous délivre un cri du cœur déchirant et débranché.

Comme ceux qui ont tout perdu mais qui ont encore le courage de donner, dans une période sombre pour la musique et les arts en général, les 4 saltimbanques se recentrent sur l’essentiel dans le non essentiel ambiant.

Deux salles deux ambiances, d’un côté avec leur  EP « connection loss » volontiers généreux en synthé, rythmiques pop imparables et refrain catchy, dites « new rave », le tout enveloppé dans un anglais de très bonne facture, on échappe au syndrome du frenchy qui chante en anglais avec l’accent franchouillard, ouf.

EP bossé chez Brett Shaw un Chef Anglais 3 étoiles du club-rock avec comme plats de résistances Foals et Mark Ronson, menu où ils ont réussi à se faire une place, en entrée ou en dessert, tous les gouts sont dans la nature. C’est bon c’est tout.

Et dans l’autre salle, cet EP unplugged, « Unplugged connection » miroir de l’EP électrifié.

Ambiance cosy, minimaliste, on est invité chez eux, finis les dance-floor enfiévrés, c’est sans fioritures, dépouillé de tout…sauf de l’essentiel.

La chanson Beast par exemple prend tout son sens en unplugged avec un refrain plus pêchu, plus libre qui ressort mieux, les paroles se dévoilent, une mise à mort de la bête « électro » lente mais sans agonie, tranquille.

Les morceaux jadis électrifiés, aux rythmes débordants de bpm, sont magnifiquement débranchés dans ce que le rock, seul, peut produire, des beaux riffs de guitares acoustiques, une rythmique légèrement soulignée et une envie déchirante de tout nous donner, à poil, nu, et ainsi constater ce que le groupe a dans les tripes.

Le chant est légèrement poussé par une reverb tranquille, on notera que le batteur au chômage technique sur cet EP, tenait superbement la baraque dans la version électrique, il est ici excessivement discret, dommage, mais ne boudons pas notre plaisir c’est beau.

Il y a une maturité dans ce d’ébranchage, de tailler le superflu, pour redonner une nouvelle vie, de laisser respirer les morceaux quitte à déboussoler l’auditeur, le fan, et même peut être le groupe.

Ce passage quasi obligé dans la vie d’un artiste ou d’un groupe révèle une prise de risque, assumée, c’est une véritable introspection sonore, une prise de recul couillue, qui fait monter la maturité de ce groupe d’un cran.

Passer d’un rock-club à un unplugged en révélant la nature profonde des morceaux, il fallait le faire et ils l’ont bien fait !

Py

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