Dans le square des Batignolles, les enfants chantent, rigolent.
Rue Brochant, les enfants rentrent pour le souper en dansant.
Au 6 _ amour _ Barbara commence son grand séjour.
C’est ici même que l’aigle noir épouse son viol.
Puis, des déménagements, des traquas et des tourments.
C’est à 16 ans que sa voix accouche, forte au grand jour.

L’aile battante, le regard noir enivrant, le vol précis de rotations et de retours; la jeune aiglonne papillonne dans les cabarets de rouges et de noirs.
Le rouge pour la souffrance et la décadence.
Le noir pour le mystère de sa quintessence.

Puis un matin au réveil, c’est presque rien mais c’est là,
Barbara sous ses airs de chats,
Barbara de toute sa voix,
Barbara clame d’un chacun pour soi,
Barbara clame l’amour sans loi,
Barbara clame l’envers de la joie.

C’est le mal de vivre dans tout son éclat: son attitude sournoise, sa solitude qui vous toise.
Pas d’affabulation, pas de tribulation, un constat: c’est là.

C’est l’âge de raison et la raison n’y crée rien que tergiversations; pas de solution, cloué dans le fond du fond.
Coup du sort, coup de stupeur. C’est une prison intérieure où il n’y a pas de sauveur puisque ça n’est qu’un regard sans saveur venu d’ailleurs.

Et le piano dans son tempo mesure le temps qui passe comme un porte à faux. Fossoyeur des humeurs de ceux qui n’en sont pas revenus.

Et puis un matin au réveil, c’est presque rien mais c’est là, ça vous émerveille… au creux des reins…

Le Mal de vivre de Barbara a pour toute richesse une incroyable sagesse.

Augustin.

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