Joseph d'Anvers

En Allemand, Doppelgänger signifie double fictionnel, et c’est également le titre que Joseph d’Anvers a choisi de donner à  son cinquième album. L’Artiste y fait danser les ombres de personnages imaginaires inspirés par ses multiples vies, au rythme de sonorités électro qui émanent des synthés stratosphériques. Les 17 titres de ce cinquième opus nous plonge dans une expérience introspective et révèlent toute la complexité des méandres de l’âme humaine.

Joseph d’Anvers a accepté de nous en dire un peu plus à propos de ce nouvel album, qui témoigne de son attrait tant pour la musique que pour  le cinéma.

Bonjour Joseph, pourrais-tu te présenter  à nos lecteurs ?

Je suis un touche à tout : j’écris des chansons, des bandes originales pour le cinéma et pour le théâtre et parfois des romans.

Tu as débuté en tant que chef opérateur pour le cinéma, avant de t’investir entièrement dans ta carrière d’artiste musical. Pourquoi ce choix ?

J’ai d’abord fait une école de cinéma qui s’appelle La Fémis, à Paris. En parallèle je faisais quelques bandes originales pour les réalisations cinématographiques de mes camarades et je jouais également dans un groupe, Polagirl. Mon projet musical devenait de plus en plus concret, je recevais des encouragements et des soutiens divers notamment des Inrocks et de la FAIR. J’ai donc choisi de me consacrer exclusivement à la musique, pour laquelle j’avais plus d’enthousiasme.

Tu as collaboré avec de nombreux Artistes, notamment Alain Bashung et Dick Rivers. Que retiens-tu de ces expériences ?

Mes premières collaborations ont été un peu troublantes, Alain Bashung et Dick Rivers auxquels tu fais références sont des personnes que j’écoutais beaucoup avant même qu’ils me proposent de collaborer avec eux. Ils ont une carrière immense, ont popularisé la musique américaine … Cependant, ils ont su me mettre à l’aise et j’ai beaucoup appris à leurs côtés. J’ai aussi eu le plaisir de travailler avec Françoise Hardy, les Beastie Boys ..

L’amour est un sujet très présent dans tes textes, néanmoins il est souvent associé à des addictions diverses …

Parler d’amour est la meilleure façon d’aborder d’autres sujets de manière un peu détournée. L’amour auquel je fais référence fait aussi appel à des sentiments périphériques comme le manque, la haine, la jalousie …

C’est un sujet qui occupe une place centrale chez les hommes et c’est aussi cela qui me fascine.

Ton album Doppelgänger sort aujourd’hui. Pourrais-tu m’en parler ?

Le nom fait référence  au jeu du double dans la mythologie, plus précisément au jumeau maléfique. J’ai le sentiment d’avoir pleinement laissé libre court à toutes les facettes de ma personnalité. Chaque chanson est à aborder comme une nouvelle cinématographique qui met en scène les ambivalences des différents visages que peut présenter l’être humain..

Certains morceaux ont été écrit il y a dix ans et d’autres durant la période du confinement, je les ai réunis un peu comme si je constituais une playlist ce qui donne un ensemble qui conjugue des univers hétéroclites sous forme de storytelling.

On retrouve toujours une écriture très travaillée, pour toi les mots sont aussi importants que la mélodie ?

Lorsque j’écris mes textes, je fais attention à leur donner du sens et vieille à ce que les mots que j’emploie aient une certaine profondeur. Cependant, je pense que mon intention première est d’écrire des textes qui touchent les gens, qui fassent écho en eux. Je reçois beaucoup de retour de personnes qui me disent que mes morceaux les accompagnent depuis de nombreuses années et je trouve cela vraiment incroyable.

J’ai aussi l’impression que c’est l’album le plus cinématographique. Est-ce qu’il  y avait une volonté de composer des morceaux pour habiller des musiques de film ?

Peut- être ! L’instrumental est composée comme des musiques de films, un peu comme si elle était la bande originale de ce que je souhaitais raconter à travers mes chansons. Si je devais d’ailleurs en citer une à titre d’exemple, ce serait un Homme, qui est introduite par un monologue de Patrick Dewaere. Il y avait une concordance entre l’histoire de cet homme qui a passé sa vie à rechercher son père et le thème que j’aborde au sein de ce morceau.

L’esthétique cinématographique fait également partie de la pochette de l’album qui est conçue comme un photogramme. Il y a une réelle mise en scène, j’y apparais habillé comme un maquereau de Miami …( rires).

Justement, en matière d’esthétique cinématographique tu aurais aussi pu me citer le clip d’Esterel ..

Oui, tout à fait. Il a été réalisé par Christophe Acker avec lequel j’ai déjà collaboré, et Kourtney Roy qui est très inspirée par Lynch et les années 50.  Ce clip est d’ailleurs une référence directe à Lynch mais aussi à Kubrick et s’inscrit en contrepoint de certaines productions françaises.

Est-ce qu’il y a un morceau qui te tient particulièrement à cœur au sein de ce cinquième opus ?

Et bien, Esterel. C’est une chanson qui fait référence à mon enfance car elle a été écrite dans une région que je fréquentais durant mes vacances scolaires. Elle fait également référence à une fin de relation, et la voix féminine qui m’accompagne pour interpréter ce morceau est celle de la femme qui partageait ma vie à ce moment là.

Cinq années séparent la sortie des Matins Blancs et de Doppelgänger. Je suppose que beaucoup de choses se sont passées durant cette période …

En effet! Je suis parti en tournée durant un an et demi, participé à la composition de bandes originales pour le Théatre telles que Jellyfish qui est mise en scène par Jean-François Auguste. Je me  suis me consacré à la  réalisation de mon roman Graphique, Les jours incandescents … 

Ces divers projets m’ont permis de rencontrer des nouvelles personnes et de sortir un peu du monde de la musique, ce qui a été très inspirant. Je pense que Doppelgänger est imprégné de ces expériences hybrides.

Doppelgänger en un mot ?

Eclectique. Mais peut être que ce qui le définit le mieux, c’est son titre …

 

 

Emma Forestier

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