Le cul entre deux chaises. Pour lui comme pour moi. Je m’attendais à un brûlot dont Spike Lee a le secret et je me retrouve face à un long-métrage « grand public » avec pour toile de fond la montée du « Black Power » et du Ku Klux Klan.

Affiche VF pour BlackKklansman de Spike Lee_2

Il est, d’abord, très étonnant de voir le générique d’Universal (tu sais, le même générique en préambule des Minions) apparaître dès l’extinction des feux et l’on se doute que Spike Lee a pactisé avec le Diable afin de faire passer sa pilule anti-Trump. C’est, certes, inévitable outre-atlantique si l’on veut que le « message » soit entendu mais un peu convenu de par nos contrées européennes.

Ne nous voilons pas la face, en Autriche comme en Italie…mais aussi dans notre beau pays, la haine fait toujours entendre sa voix et une piqûre de rappel hollywoodienne (donc mondiale) est toujours bonne à prendre. Toutefois, mélanger discours engagé et buddy-movie peut parfois brouiller les pistes de la compréhension cinéphile.

Je m’explique : imaginons un instant Roger Murtaugh dire à Martin Riggs dans un énième « Arme Fatale » qu’« être flic, ça a du bon, qu’il est trop vieux pour ces conneries et que le pouvoir appartient aux Noirs Américains si ces derniers prennent les Armes », cela peut surprendre !

C’est le reproche principal que je ferai à Mr Lee : à trop vouloir plaire à la masse populaire en multipliant les genres, on a souvent l’impression qu’il baisse son pantalon (le syndrome « Inside Man »). Ce qui, pour un réalisateur aussi réac’ que Clint Eastwood (tendance inversée), fait peine à voir. Faire dans la nuance, soit. Mais faire dans l' »entertainment » (afin de faire tourner la machine à dollars) sans rien apporter de plus, à quoi bon ?!

Lorsque l’on pense que Kathryn Bigelow – une réalisatrice « blanche » – a fait mille fois plus fort avec son « Détroit » incandescent tout en travaillant avec une Major, cela donne froid dans le dos.

BlacKkKlansman

Pour faire simple et funky, si vous désirez passer un bon moment de cinéma, avec d’excellents acteurs, de l’humour à tous les étages (cette intro de dingue), une réalisation soignée, un scénario parfois un peu facile, une B.O. qui envoie du lourd, et si vous aimez Michael Moore dans sa manière de marteler ses propos (le racisme, ce n’est pas bien, la preuve avec cet extrait de dessin-animé de Walt Disney, …je me comprends), ce film est fait pour vous !

A l’instar de « Baby Driver », « BlacKkKlansman » se positionne pour être le film le plus cool de l’Histoire du Cinéma. Mais pas forcément le plus politisé.

 

John Book.

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