Half Man Half Biscuit : No One Cares About Your Creative Opinion so Stop Your Fuckin’ Verbal Diarrhea
Beaucoup de Clash et un peu de Violent Femmes pour ce balancement entre rock épuré (souvent) et folk vitaminée (de moins en moins), un peu de Bobby Lapointe et de Ludwig Von 88 pour l’humour teinté de conscience sociale, un peu de Ian Dury (†2000) et de Shane MacGowan (le chanteur des Pogues serait toujours vivant lui paraît-il) pour certaines intonations de la voix : 34 ans après leur débuts, le 14ème album annonce la couleur dès le titre, No one Cares About Your Creative Hub So Get Your Fuckin’ Hedge Cut, une anti-accroche pour faire sourire en égratignant la gentrification au passage. Et nous rappeler que la blague n’a pas assez duré.
Ils ont pourtant un gros défaut pour nous autres continentaux : même si la diction du chanteur est accessible et le vocabulaire simple, on a l’impression de ne rien connaître à l’anglais lorsqu’il s’agit de comprendre toutes les paroles. Heureusement, les textes sont tous transcrits. Mais ne comptez pas sur Google traduction pour vous aider vraiment, il va falloir mériter l’accès à cet humour plus potache que British.
Et cela vaut la peine, car même si la tonalité entraînante et gouailleuse de la voix nous donne déjà le sourire, c’est encore mieux en sachant au moins de quoi ça parle. C’est souvent simplement désopilant.
Et la musique, entraînante plus que violente, comme le meilleur du post punk. Très entraînante même car le plaisir de chanter avec des complices transparaît dans la voix de Nigel Blackwell. Il a bien fait d’arrêter de « voler des voitures et jouer au football, comme les gens normaux », pour créer les Mi-Hommes Mi-Biscuits, à l’image des Sam et Frodon de Tolkien gavés de Lembas et de la satisfaction de la quête accomplie, attendant avec résignation la mort sur un îlot de roche ceinturé de lave. Lembas, galette dorée, pain de route, pain de vie. Cela n’a sans doute aucun rapport.
C’est un vrai moment de détente gratuite auquel ils nous convient. Pas de sous-entendus et d’emphase. Un vent de fraicheur et de bienveillance bienvenu nous enlace à l’écoute de cet opus. On peut oublier la moiteur de l’été ou l’âpreté de l’hiver en se disant qu’il y a de toute évidence des poètes qui nous veulent du bien, les Half Man Half Biscuit.
Arno Half Man Half Donut