C’est un très bon sujet de philo pour le bac. C’est une source de revenus pour des tas de gens. C’est ce qui nous distingue des peuples barbares et sanguinaires (quoique…). C’est la raison d’être de l’intelligence. C’est parfois n’importe nawak. C’est l’expression de la sensibilité humaine. C’est, c’est —–BUZZER BEEEEEP- L’Art !

Oui, bravo, maintenant qu’on a le concept, on se pose la question pour le groupe Half Japanese. Et on vous explique pourquoi, à l’occasion de la sortie de leur album Why Not? prévue le 18 janvier 2018 . Merci qui ? Merci Fire Records !

Half japanese why not album cover

Pionniers, depuis … 1975 d’une musique DIY, punk, grunge, originale, créative et foutraque. Jouer avec guitare désaccordée, utiliser des sons bizarres, s’inspirer de monstres et créatures étranges ou de science-fiction pour les paroles, voici le style des garçons. Fondé par deux frères (Jad et David Fair), le groupe a changé de line up un paquet de fois et cet opus serait le 16 ème qu’ils sortent. Je l’ai écouté, je suis encore un peu indécis, mais assez charmé.

Ce qu’ils font est à la fois très naïf, piquant et finalement intéressant puisque de nombreux musiciens disent qu’ils les ont inspirés (dont le regretté Kurt Cobain et un tas de célébrités des milieux rock indie grunge etc).

Pour faire une comparaison gastronomique, cela ressemble à un plat qui vous est inconnu et à la fois acide et doux, salé et sucré, à l’apparence indescriptible. Vous voyez ? Nous non plus.

Ils prennent plaisir à massacrer, improviser, faire grincer, être faux, ne pas aller dans l’excellence mais le brouillon (ou font un peu semblant, à vrai dire). Ils font dans l’aigre, le dissonant, le hors-piste et le volontairement sali.

Justement se posent les questions : est-ce de l’art ?, et celle qui vient juste après : comment évaluer cette forme d’expression ?

Bien, bien… n’étant pas expert qualifié mais simplement consommateur qui donne un avis (avantage saillant d’écrire dans son propre webzine bénévole, indépendant et sympathique), je répondrai quand même oui à la première et pas mal du tout à la seconde. Je suis convaincu que nombre que ceux qui prétendent faire n’importe quoi sont de facto impliqués dans leur truc et beaucoup plus sincères que les produits marketing X 100 % météoriques qui envahissent les ondes. Marcel Duchamp avant Merde Gims, pas de souci et ce 4ever.

Ah oui, je crois me souvenir que l’une des définitions/ caractéristiques de l’art est de résister au temps, de se positionner dans la durée. Half Japanese l’a fait, non ?

J’irai même plus loin : allez, hypothèse, c’est l’Apocalypse nucléaire et on est tous cramés comme un beignet nord-coréen trop cuit. Des aliens débarquent sur Terre quand tout est redevenu calme et ils écoutent les musiques produites par les crevettes au caramel rabougries qui semblaient habiter là avant.

Ils diraient « Merde alors, mais qu’est-ce qu’il y avait comme daubes dans le hit-parade ! Allons voir des trucs plus underground les gars… tu m’étonnes que ça a fini par péter ! » (libre traduction mais sans doute assez fidèle).

Je suis sûr que les œuvres d’Half Japanese leur plairaient et en plus, on parle d’eux dans les paroles !

Hé hé, je ne suis pas mécontent de m’en être sorti pour rédiger cette chronique sur un groupe très attachant et un album qui sort des chemins convenus.

En fait, je suis sûr que ces types et moi serions potes après quelques bières et surtout qu’ils auraient des histoires marrantes à raconter.

Et dans marrant, il y a art, non ?

Jérôme « because » V.

 

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