Il y a un lieu commun qui dit « rholala, si vous ne connaissez pas le groupe xxx (1), je vous envie car vous allez le découvrir ».
C’est un lieu commun qui s’applique parfaitement à Everything Everything, avec, soyons francs, une petite nuance : il y a une chance sur deux pour que vous n’accrochiez pas.
Ce n’est pas de la musique simple, ce n’est pas de la musique de fond, ce n’est pas de la musique habituelle. Mais si vous êtes prêts à faire l’investissement de vous y plonger, vous serez d’accord avec moi pour penser qu’Everything Everything est le meilleur groupe le plus sous-estimé du monde.
Je vous passerai les comparaisons à XTC ou autres Talking Heads. Leur but est de faire de la musique qui ne ressemble à personne. Et leur talent fait qu’ils y arrivent. Leur musique, foisonnante et complexe, est très adaptée à notre époque, ils le savent et ils en jouent. Et si « A Fever Dream », leur quatrième album, n’a peut-être pas de morceaux aussi immédiatement intenses émotionnellement que « No Reptiles », ou rythmiquement que « MY KZ, UR BF » (2), s’ils sont plus discrets en surface, les arrangements, harmonies et rythmes sont toujours aussi variés et complexes. Et les paroles abordent toujours autant notre époque, en grand et en petit format, tout en étant moins explicitement politique que les albums précédents.
Et c’est en fait ce qui fait sa force. Plus que les harangues explicites contre Donald Trump (« Big Game ») ou le Brexit (« Run the Numbers », « Night of The Long Knives »), ce sont les morceaux plus personnels, plus concrets (« Good Shot, Good Soldier », « White Whale »), ou alors sociétaux (« Desire », « Ivory Tower »), qui sont finalement les plus marquants, les plus réussis.
Avec, cerise sur le gateau, « Can’t Do », l’exemple parfait du morceau qui aurait pu être fade, mais qui au final consiste en un hymne hyper dansant de 3mn30 sur la frustration. Avec un refrain qui reste dans l’oreille pendant des jours.
Album après album, Everything Everything prend de la maturité, de l’assurance, et leur talent, leur originalité se développent avec assurance, pour le plus grand plaisir des oreilles.
Que leur souhaiter ? De connaître le succès auprès du grand public ? J’espère surtout qu’ils vont continuer à nous régaler de leurs petits bijoux pendant encore longtemps. Comme ils le disent eux-mêmes à la fin de « White Whale », la dernière chanson de l’album: « Never tell me that we can’t go further« .
Amen.
-laurent
(1) Insérez votre groupe hyper snob préféré. Et si vous n’en avez pas, je peux vous en prêter plein. Aller, le premier qui me vient à l’esprit: Throbbing Gristle. You’re welcome.
(2) Je vous laisse découvrir le reste de leur discographie tous seuls comme des grands. Rholala, je vous envie.